La minorité chrétienne d'Égypte est aussi importante que la majorité musulmane, a affirmé, en substance, le pape copte-orthodoxe Tawadros II, mardi 5 février, en marge d'une visite au monastère Al-Muharraq, à 300 kilomètres au sud du Caire.
Les chrétiens, qui constituent environ 10 % de la population égyptienne, forment « une minorité, au sens numérique du terme, mais nous ne sommes pas de moindre valeur, au regard de notre histoire, de notre rôle et de l'amour que nous portons à notre nation », a-t-il affirmé à l'agence Associated Press.
Le patriarche copte-orthodoxe d'Alexandrie a critiqué la nouvelle constitution du pays, ratifié fin décembre par le président égyptien Mohammed Morsi, issu des Frères musulmans. Ce texte fait des « principes de la charia » la « source principale de la législation », une formulation assez consensuelle en Égypte. Mais le texte précise que ces principes doivent être interprétés selon la doctrine sunnite, susceptible de privilégier des interprétations très rigoristes. De plus le texte octroie à l'État un rôle de « protection de la moralité » et interdit « l'insulte des personnes humaines » et des « prophètes », ouvrant la voie à la censure.
Les chrétiens ont l'intention de prendre « une part active » au dialogue national
« La citoyenneté est la seule chose partagée par tous les Égyptiens… La constitution, fondement de toutes les lois, doit être placée sous le signe de la citoyenneté et pas soumise à des principes religieux », a souligné Tawadros II. « Par conséquent, a-t-il poursuivi, les articles ont été déformés à cause d'une influence religieuse constituent en eux même une discrimination : la constitution est supposée unir, et non diviser. »
« Peut-être la constitution changera avec la prochaine majorité parlementaire, et les élections présidentielles », a-t-il espéré.
Le pape copte a par ailleurs précisé que les chrétiens avaient l'intention de prendre « une part active » à tout dialogue national « qui leur paraîtra bénéfique pour la nation ». « Mais quand nous jugeons que le dialogue se termine avant même qu'il n'ait commencé, et que rien de ce qui est décidé n'est appliqué, alors nous jugeons que cela n'est pas dans l'intérêt de la nation. »
Tawadros II a également affirmé qu'il était heureux de voir de plus en plus de chrétiens prendre part aux vagues de protestations, qui ont lieu en Égypte depuis 2011, mais a clairement affirmé que ces mouvements devaient rester pacifiques.