Dimanche 12 octobre s'est conclu le VIème congrès international sur le dialogue islamo chrétien, promu par le mouvement des Focolari. Ouvert le 9 octobre dernier, il s'est déroulé au Centre Mariopoli de Castel Gandolfo (Rome) sur le thème « Amour et miséricorde dans la Bible et le Coran ».
A cette occasion, Benoît XVI a envoyé à travers le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat, un message dans lequel il souhaite que la rencontre « suscite de nouvelles propositions de fraternité cordiale et d'engagement sincère dans le but de favoriser le dialogue réciproque dans le respect de la dignité de chaque personne humaine ».
Dans le même temps il a invoqué « Dieu très haut et miséricordieux afin qu'il continue à guider le chemin de l'humanité sur la voie de la justice et de la paix ».
La lecture du télégramme, samedi 11 octobre, a été suivie des applaudissements des plus de 200 chrétiens et musulmans qui participaient au congrès, et provenant des cinq continents.
Les quatre jours de la rencontre ont vu s'alterner témoignages et approfondissements théologiques et spirituels de la part des chrétiens et des musulmans. A l'ouverture du congrès, on a rappelé la mémoire de Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, décédée le 14 mars dernier.
Le congrès a également évoqué le souvenir du leader afro-américain W.D. Mohammed, récemment disparu, qui en 1977 invita Chiara Lubich à la Mosquée Malcom X. Elle fut la première femme chrétienne et blanche à s'adresser à plus de 3.000 musulmans. Cette rencontre donna naissance à une série de relations entre chrétiens et musulmans qui se sont révélées particulièrement importantes après les attentats de New York en 2001.
Les membres du Mouvement des Focolari sont entrés en contact pour la première fois avec l'islam il y a environ 40 ans dans le Maghreb, frappés par les affinités avec le christianisme, comme la foi dans le Dieu unique et l'estime pour Jésus et la Vierge. A partir de 1992 ont débuté les congrès internationaux islamo chrétiens dans le but de favoriser la connaissance réciproque et l'approfondissement du charisme de l'unité, en se concentrant sur ce qui unit les deux expériences religieuses sans jamais tomber dans le syncrétisme.
Intervenant au congrès, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a affirmé qu' « on ne peut comprendre le monde d'aujourd'hui sans les religions ».
« C'est précisément cette certitude, exprimée selon divers points de vues, qui exige que les religions ne deviennent jamais source de peur, ce qui arrive malheureusement toujours plus fréquemment aujourd'hui par la faute de fondamentalismes exacerbés », a-t-il ajouté.
Après avoir reconnu aux musulmans le mérite d'avoir fait « revenir la religion sur la scène publique », le prélat a souligné qu' « aujourd'hui la religion fait peur au lieu d'apporter la paix, à cause de ceux qui dénaturent le message de l'islam par la violence ».
« Nous devons œuvrer pour redonner à l'islam sa vraie priorité », a-t-il déclaré, exhortant à « scruter ensemble le mystère de Dieu pour discerner les valeurs en mesure d'éclairer les peuples de la terre », comme « le caractère sacré de la vie et de la paix ».
Le cardinal estime qu'on doit reconnaître la même dignité à tous ceux qui cherchent Dieu. « C'est seulement si nous entrons dans cette optique que nous pouvons alors, avec une grande liberté, regarder au-delà des frontières de notre propre religion, et comme l'a affirmé Benoît XVI, scruter le mystère de Dieu à la lumière de nos traditions religieuses pour discerner les valeurs capables d'éclairer les hommes et les femmes de tous les peuples de la terre, quelle que soit leur culture et leur religion ».
« Plus les parties sont engagées dans la recherche de Dieu et dans la prière, plus elles sont proches les unes des autres. L'ignorance engendre la peur et l'on ne peut dialoguer dans l'ambiguïté ».
Le dialogue entre les religions, a-t-il observé, doit être considéré presque comme un « pèlerinage », parce que lorsqu'on dialogue avec des fidèles d'une autre religion il faut se placer dans l'attitude de celui qui se met en chemin avec eux.
Afin que le dialogue « soit authentique et rende gloire à Dieu », le cardinal a indiqué trois voies : « montrer que les religions sont sources de paix », « approfondir sa propre foi » pour renforcer « sa propre identité religieuse » ; « considérer l'autre croyant non pas comme un adversaire mais comme un frère ».
Le dialogue religieux, a-t-il ajouté, est une grâce et un risque : « c'est une grâce parce qu'il permet à tous les croyants ensemble de rappeler au monde d'aujourd'hui que ‘l'homme ne vit pas seulement de pain'. C'est un risque parce que nous pouvons être personnellement un obstacle à ce message, à cause de l'incohérence de notre vie de chaque jour ».
« Je crois que le dialogue religieux doit surtout être interprété comme un appel constant à la conversion personnelle », a-t-il conclu.
Dans un peu moins d'un mois, le pape rencontrera les 138 sages musulmans qui ont signé la lettre adressée l'année dernière à tous les chefs religieux qui soulignaient que chrétiens et musulmans représentent désormais 55% de la population mondiale et que, par conséquent, « s'ils sont fidèles à leur propre religion ils peuvent faire beaucoup pour la stabilité et pour la paix de la société dont ils sont membres ».
ROME, Mardi 14 octobre 2008 (ZENIT.org)