cinquante ans après la rencontre de Paul VI et d'Athénagoras, le 5 janvier 1964. Un geste lourd de signification oecuménique.
C'est justement aujourd'hui, en l'anniversaire de cette rencontre que le pape a tenu à faire lui-même – et non pas simplement la salle de presse – cette annonce, après la prière de l'angélus dominical, place Saint-Pierre.
Le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal avait suggéré cette date le 19 décembre dernier, dans son message de Noël, et Zenit l'avait alors annoncé. Mais ce qui est nouveau dans l'annonce du pape, c'est le lien avec le voyage de Paul VI et le rassemblement des autres responsables chrétiens en la basilique de la résurrection.
Paul VI s'est rendu en Terre Sainte, du 4 au 6 janvier 1964, au coeur du concile Vatican II. C'était aussi le premier voyage d'un pape en avion à l’étranger.
Le pape François indique l'intention fondamentale du voyage: « commémorer la rencontre historique entre Paul VI et le patriarche Athénagoras ».
Concrètement, il annonce une « rencontre œcuménique au Saint Sépulcre », avec le patriarche oecuménique et les représentants des Eglises chrétiennes de Jérusalem.
Il a demandé la prière des baptisés spécialement à l'intention de ce second voyage en dehors de l'Italie, après Rio en juillet 2013.
En 1964, le patriarche Athénagoras et le pape Paul VI avaient signé une déclaration commune exprimant "leur décision d’enlever de la mémoire et du milieu de l’Église les sentences d’excommunication de l’année 1054". Cette déclaration commune a été lue lors d'une session solennelle du IIème concile du Vatican par Mgr Jean Willebrands, à Saint-Pierre. Au même moment, elle a été lue par le secrétaire du Saint Synode, en la cathédrale du Phanar, à Istanbul.
C'était, dit la déclaration, un "geste de justice et de pardon réciproque". Ils déploraient les événements de 1054: "Parmi les obstacles qui se trouvent sur le chemin du développement de ces rapports fraternels de confiance et d’estime, figure le souvenir des décisions, actes et incidents pénibles, qui ont abouti en 1054 à la sentence d’excommunication portée contre le patriarche Michel Cérulaire et deux autres personnalités par les légats du siège romain, conduits par le cardinal Humbert, légats qui furent eux-mêmes ensuite l’objet d’une sentence analogue de la part du patriarche et du synode constantinopolitain."
Voici le coeur de la déclaration, en trois points précis: "Le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras Ier en son synode, certains d’exprimer le désir commun de justice et le sentiment unanime de charité de leurs fidèles et se rappelant le précepte du Seigneur: “Quand tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens d’un grief que ton frère a contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère” (Mt 5, 23-24), déclarent d’un commun accord:
a) regretter les paroles offensantes, les reproches sans fondement, et les gestes condamnables qui, de part et d’autre, ont marqué ou accompagné les tristes événements de cette époque;
b) regretter également et enlever de la mémoire et du milieu de l’Église les sentences d’excommunication qui les ont suivis, et dont le souvenir opère jusqu’à nos jours comme un obstacle au rapprochement dans la charité, et les vouer à l’oubli;
c) déplorer, enfin, les fâcheux précédents et les événements ultérieurs qui, sous l’influence de divers facteurs, parmi lesquels l’incompréhension et la méfiance mutuelles, ont finalement conduit à la rupture effective de la communion ecclésiastique."
Cinquante ans après, c'est le moment de recueillir le fruit d'un demi-siècle de dialogue, de gestes, de rencontres qui sont devenues des rendez-vous réguliers, et de poursuivre la marche, marquée aussi par les pèlerinages de Jean-Paul II (rencontre avec le patriarche Dimitrios Ier, le 29 novembre 1979) et de Benoît XVI (rencontre avec Bartholomaios Ier 30 novembre 2006). Le voyage ne manquera pas d'être une étape importante sur ce chemin, indiqué par Jean-Paul II et Benoît XVI comme "irréversible".