sans être tactique : « c’est son identité profonde, tourné vers Dieu et en relation avec l’autre, quel qu'il soit ».
Mgr Bruno Forte, archevêque de Chieti-Vasto, évoque au micro de Radio Vatican la lettre que le pape a adressée à Eugenio Scalfari, publiée dans le quotidien italien “La Repubblica”.
Si le pape François écrit « de très belles choses », il n’y a rien cependant qui n’appartienne déjà à la tradition de l’Eglise, fait-il observer, y compris « le point qui a suscité quelque étonnement, lorsqu’il dit qu’on ne peut pas parler d’absolu à propos de vérité chrétienne, car la vérité n’est pas absolue, elle n’est pas séparée, mais elle est une vérité en relation, par l'amour de soi-même – Trinité Sainte – et dans le rapport avec les hommes ».
Pour l’archevêque, « c’est un point très beau et très important, mais qui appartient – en réalité – à la grande tradition chrétienne ».
Sans schémas, sans étiquette
En revanche, « ce qui est nouveau, par certains aspects surprenant et à mon avis très beau, est que le pape François entame ce dialogue avec un penseur, un journaliste de grande intelligence, ouvertement non croyant, et que ce soit publié dans un journal comme “La Repubblica”, un journal qui se caractérise aussi par une empreinte fortement laïque ».
Cela montre, estime-t-il, que le pape « ne craint pas d’aimer la personne telle qu'elle est, là où elle se trouve, sans mettre de conditions à la rencontre et au dialogue. Cela est vraiment un dialogue: une ouverture à l’autre, dans la fidélité à son identité, mais aussi dans l’accueil profond de la personne de l’autre, tel qu'il est ».
Par cette initiative, « le pape veut être ce qu’il a voulu être depuis le début : il veut être avant tout une personne humaine et comme toutes les personnes qui ont réalisé leur vocation à la plénitude d’humanité, qui est l’amour, c’est une personne qui veut être en relation avec tous, sans schémas, sans étiquette », ajoute-t-il.
Un style efficace mais sans tactique
Mgr Forte souligne que « c’est cela le style de François : un style singulièrement efficace, comme on le voit dans l’accueil et dans l’intérêt qu’il suscite, mais un style non tactique, il ne fait pas les choses par tactique; il les fait parce qu’il est comme ça, parce que c’est son identité profonde, tourné vers Dieu et en relation avec l’autre, quel qu'il soit, dans le respect, l’accueil, la vérité et l’amour ».
L’archevêque décrit également le « fil rouge » qui relie les deux pontificats de Benoît XVI et François : « Il n’y aurait pas François s’il n’y avait pas eu le pontificat courageux, humble, croyant, de Benoît, la réforme spirituelle de l’Eglise, son sens du primat de Dieu qu’il a gravé si fortement dans la vie ecclésiale ».
Ainsi, « François hérite de tout cela. Sur cet héritage, il exprime librement et avec une totale spontanéité sa profonde identité d’homme de Dieu, d’homme spirituel, de jésuite, de personne qui cherche vraiment à vivre continuellement en présence de Dieu selon la spiritualité d’Ignace de Loyola ».
La conscience dans la spiritualité ignatienne
L’appel à « la conscience », évoqué dans la lettre du pape, est « un aspect profond de la spiritualité ignatienne: comme l’a dit le sémiologue français Roland Barthes le livre des Exercices spirituels n’est pas le livre de la réponse, mais le livre de l’interrogation et de la question ».
Ce livre « aide à se mettre à l’écoute de la voix de la conscience, qui est le reflet intérieur de ce que Dieu a écrit pour nous, à l’intérieur de nous, pour que nous réalisions notre vocation humaine ».
En ceci aussi, conclut-il, « le pape est dans la grande tradition catholique et en même temps il réussit à la présenter de façon simple et profonde, pour ne pas seulement étonner, mais surtout attirer et donner à réfléchir ».
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