C'est « à cause de sa solide conscience chrétienne qu’il a su résister à tout totalitarisme, devenant au temps de la dictature nazie et fasciste le défenseur des juifs, des orthodoxes et de tous les persécutés, et puis, dans la période du communisme, 'avocat' de ses fidèles, spécialement de tant de prêtres persécutés et tués », a affirmé le pape.
A l'occasion de son voyage apostolique en Croatie, le pape a tenu a clarifié le rôle historique joué par celui qui fut archevêque de Zagreb entre 1937 et 1960, que le régime communiste avait emprisonné pendant 5 ans et ensuite assigné à résidence, et qui mourut d'une maladie du sang contractée en prison.
L'accusation pour laquelle il avait été condamné par les communistes – celle d'avoir collaboré avec le régime oustachi de Ante Pavelić, un proche de Hitler et leader de l'Etat indépendant de Croatie durant la deuxième guerre mondiale – s'est propagée pendant plusieurs décennies.
L'image du cardinal diffusée par la propagande communiste a fortement influencé la polémique médiatique qui a éclaté en 1998, quand le pape Jean-Paul II a béatifié le cardinal Stepinac en le déclarant martyr. Alojzije Stepinac avait été créé cardinal par Pie XII en 1952. A la suite de cette décision, la Yougoslavie avait rompu ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège.
Ces influences idéologiques sont encore perceptibles dans les biographies du cardinal croate publiées dans certaines langues sur Wikipedia.
Dépasser les idéologies
La guerre froide et les affrontements sanglants de la guerre d'indépendance de la Croatie par rapport à l'ancienne Yougoslavie (1991-1995) appartenant désormais au passé, la visite de Benoît XVI dans le pays a contribué à libérer la figure du cardinal de toute manipulation politique.
Le pape a consacré son intervention au cours des vêpres de ce dimanche, au bienheureux Alojzije Stepinac. La célébration a eu lieu en présence des évêques, prêtres, religieux, séminaristes et consacrés de Croatie, en la cathédrale de Zagreb, où se trouve la tombe du cardinal martyr.
« Les mérites de cet inoubliable Évêque dérivent essentiellement de sa foi : dans sa vie, il a toujours tenu son regard fixé sur Jésus, se conformant toujours à Lui, au point de devenir une image vivante du Christ, dans sa souffrance aussi », a souligné le pape.
« Oui, il est devenu 'avocat' de Dieu sur cette terre, parce qu’il a défendu avec ténacité la vérité et le droit de l’homme de vivre avec Dieu », a insisté le pape.
Les articles publiés en Croatie et à l'étranger à l'occasion de la visite du pape, montrent que la propagande idéologique de la guerre froide a perdu de sa force et qu'une nouvelle étape s'ouvre désormais avec pour principal objectif la recherche de la vérité historique. Le procès de canonisation du cardinal Stepinac, actuellement en cours, devrait contribuer à la recherche de cette vérité.
Mgr Juraj Batelja, postulateur de la cause de canonisation du cardinal croate, invite à lire ses discours et ses lettres pour découvrir en lui une des voix qui s'est élevée avec le plus de force en faveur de la dignité humaine et contre le racisme dans l'Europe dominée par le nazisme.
Jesús Colina
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