Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, est intervenu lors de l’inauguration du « Parvis des Gentils », structure de dialogue de l’Eglise avec les non-croyants, qui a fait étape à Berlin les 26 et 27 novembre 2013.
L’ouverture de l’évènement a eu lieu à la Mairie de la ville, en présence du maire Klaus Wowereit, du cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Berlin, de Mgr Robert Zollitsch, président de la Conférence épiscopale allemande et de Mgr Nikola Eterovič, nonce apostolique.
« En ce lieu, croyants et non-croyants se retrouvent pour un dia-logos, pour un carrefour entre deux conceptions diverses mais approfondies et vécues », a déclaré le cardinal.
Il a décrit ces différences notamment dans la vision du monde : « le laïc séculaire a sa référence dans le sujet-individu qui choisit son propre cadre éthique… La personne religieuse est convaincue que la vérité, la nature, l’ordre moral la précèdent et la dépassent ».
Le cardinal s’est réjoui de cette rencontre entre « deux anthropologies, deux itinéraires existentiels différents, deux humanismes, l’un avec Dieu et l’autre sans Dieu ».
Dans tous les cas, une tension vers le bien anime les hommes, comme le souligne l’écrivain français Albert Camus : « Peut-on être saints sans Dieu : c’est le seule problème concret que je connaisse aujourd’hui » (La Peste).
« L’existence de Dieu est une question qui à la fois ne peut se démontrer de façon absolue mais ne peut être supprimée », a poursuivi le cardinal en citant le philosophe français Jean-Luc Marion : « ce qui est étonnant n’est pas notre difficulté à parler de Dieu, mais notre difficulté à se taire sur lui ».
Aujourd’hui, a-t-il fait observer, « l’indifférence, la superficialité, la banalité, sèment le brouillard aussi bien sur la religion que sur l’athéisme ». Mais comme le disait Dostoïevski : « l’homme ne peut exister sans s’incliner… il s’inclinera devant une idole de bois, ou d’or, ou de la pensée et devant des dieux sans Dieu ».
Le cardinal a aussi rapporté une anecdote racontée par le scientifique italien Giulio Giorello : durant un voyage en Irlande du nord, ce dernier reçut l’hospitalité d’une famille, dans la campagne. Ils lui demandèrent en le recevant : « vous êtes catholique ou protestant ?». Il répondit : « je suis athée !». Il y eut un silence perplexe, puis le mari demanda : « d’accord, mais vous êtes athée catholique ou athée protestant ?».
Citant Pascal (Pensée 257), le cardinal a encouragé à vivre selon le binôme « chercher et trouver ». Comme l’écrivait Platon dans l’Apologie de Socrate : « Une vie sans recherche ne mérite pas d’être vécue ».
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