{mosimage}Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a reçu samedi le président du comité exécutif des FL, Samir Geagea, accompagné de deux députés de son parti, Sethrida Geagea et Élie Keyrouz. À l’issue de la rencontre, Samir Geagea a déploré « certains discours
qui cherchent à fausser les positions du patriarche », en allusion aux propos qui ont été attribués à Mgr Sfeir au sujet d’un éventuel amendement de la Constitution facilitant l’élection du commandant en chef de l’armée à la présidence de la République.
Samir Geagea a rappelé que « le refus de tout amendement de la Constitution est une constante dans l’orientation politique de Bkerké depuis dix ans ». Et d’ajouter que « le patriarche est par principe et pragmatiquement contre tout amendement de la Constitution, surtout pour servir des intérêts personnels ou partisans. Mais si on lui disait que tous les Libanais, c’est-à-dire la majorité et l’opposition, se sont entendus pour amender la Constitution et que cela sauverait le pays, c’est seulement dans ces circonstances qu’il ne s’y opposerait pas ».
« Quel est le lien entre l’armée et l’amendement de la Constitution ? » s’est ensuite interrogé le leader des FL, avant de rendre hommage « aux soldats qui sacrifient leur vie pour édifier l’État, et préserver la Constitution et les institutions ». Samir Geagea a finalement insisté sur « la tenue dans les délais de l’élection présidentielle, seul espoir pour les Libanais aujourd’hui ».
Charles Rizk
Mgr Sfeir a également reçu samedi le ministre de la Justice Charles Rizk qui a lui aussi appelé « à ne pas interpréter les propos du patriarche à notre guise », estimant que « tout ce qui ne permet pas de sauver le pays ne justifie aucunement l’amendement de la Constitution ».
Sur un autre plan, dans une allocution diffusée hier sur les ondes de la Voix du Liban, Charles Rizk a fixé quatre dossiers qui « s’imposeront sur l’agenda politique des six années à venir », présentant ainsi ce qui semble fort être un projet présidentiel. Pour le ministre de la Justice, ces questions sont « le tribunal à caractère international ; la crise profonde du régime libanais qui nécessite un développement des institutions ; la sécurité qui, à la lumière des événements de Nahr el-Bared, requiert une reconsidération du rôle des forces armées dans la société ; et la situation économique, à l’aune de la crise grave que connaît le pays ».
Charles Rizk a estimé que « le futur président de la République devrait être compétent pour résoudre ces quatre questions ». En conclusion, le ministre de la Justice s’est voulu rassurant à propos de la capacité du pays à « résoudre le dilemme politique, à condition qu’un candidat qui a fait preuve de ses capacités à traiter avec la communauté internationale soit élu à la tête de l’État ».
L’homélie du dimanche
Dans son homélie du dimanche, Mgr Sfeir s’est désolé de voir « chaque parti se figer dans ses positions et ne faire aucun pas dans le sens de l’entente ». « Cela pourrait inciter les citoyens à émigrer massivement à la recherche d’un pays d’adoption », a encore averti le patriarche maronite, qui a rappelé que « l’action politique devrait servir les intérêts de la population, et non les ambitions, légitimes ou non, des responsables ».
Mgr Sfeir a finalement reçu une délégation des déplacés de Aïn Drafil qui lui a présenté les revendications du village.
L'Orient le jour-20 Août 2007