Il se doit d’être un « croyant passionné » qui « partage les joies et les douleurs de tous ».
C’est le portrait du prêtre qu’a dressé le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, en évoquant le 3 octobre dernier devant le clergé de Los Angeles le thème du « Prêtre du 21e siècle ».
« Nous vivons dans un monde instable », a-t-il expliqué, que ce soit dans « la famille, dans le monde du travail, dans les différents ensembles sociaux et professionnels, dans les écoles et dans les institutions ».
Ici, « le prêtre doit constitutionnellement être un modèle de stabilité et de maturité, de plein dévouement à son apostolat ».
Aujourd’hui, beaucoup se demandent : « Qui est le prêtre dans le monde d’aujourd’hui ? Est-ce un martien ? Un fossile ? Qui est-il ? ».
« La sécularisation, le gnosticisme, l’athéisme dans ses différentes formes, réduisent toujours plus l’espace du sacré », déplore le cardinal italien. « Les hommes des techniques et du bien être, les personnes touchées par la fièvre de l’apparence, ressentent une extrême pauvreté spirituelle ».
Dans ce monde-là, « le prêtre doit proclamer le message éternel du Christ dans sa pureté et sa radicalité ; il ne doit pas abaisser le message mais il doit plutôt élever les gens ; il doit donner à une société anesthésiée (…) la force libératrice du Christ ».
« Il est juste – affirme-t-il – que le prêtre s’insère dans la vie, dans la vie commune des hommes, mais il ne doit pas céder aux conformismes et aux compromis de la société. A quoi servirait un prêtre ainsi assimilé au monde, qui serait un prêtre camouflé et non plus un ferment transformateur ? », s’est demandé le cardinal Piacenza.
« Face à un monde anémique de prière et d’adoration, le prêtre est, en premier lieu, un homme de prière, d’adoration, de culte, de la célébration des saints mystères. Face à un monde submergé par des messages consuméristes, pan sexualistes, assailli par l’erreur, présenté dans les aspects les plus séduisants, le prêtre doit parler de Dieu et des réalités éternelles et pour le faire de manière crédible, il doit être un croyant passionné, tout comme il doit être ‘propre’ ! ».
Ce que les gens attendent du prêtre, c’est justement qu’il ne soit pas « comme tous les autres ». « Face à un monde immergé dans la violence et corrompu par l’égoïsme, le prêtre doit être l’homme de la charité ».
« Le prêtre répond aux exigences de la société en se faisant la voix de ceux qui n’ont pas de voix : les petits, les pauvres, les personnes âgées, les opprimés, les marginalisés. Il n’appartient pas à lui-même mais aux autres. Il partage les joies et les douleurs de tous, sans distinction d’âge, de catégorie sociale, de politique, de pratique religieuse. Il est le guide de la portion du peuple qui lui est confiée », explique-t-il encore.
« L’espérance du monde – conclut-il – consiste à pouvoir compter, à l’avenir aussi, sur l’amour de coeurs sacerdotaux limpides, forts, miséricordieux, libres et humbles, généreux et fidèles ». « Si les idéaux sont élevés, la route difficile, le terrain aussi peut-être miné, les incompréhensions sont nombreuses, mais nous pouvons tout en Celui qui nous rend fort (cf. Ph, 4, 13) ».
« Au-delà des inquiétudes et des contestations qui agitent le monde et qui se font aussi sentir dans l’Eglise, il y a en action des forces secrètes, cachées et fécondes de sainteté ».
Marine Soreau
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