au cours d'une conférence qui s'est déroulée le 25 février dernier à Rome, à l'université pontificale Regina Apostolorum.
« Il n'y a pas eu un Karol Wojtyla public et Karol Wojtyla privé : l'opinion que le monde s'était faite à son égard durant ses 26 ans de pontificat s'est révélée vraie », a-t-il affirmé en revenant sur le procès canonique qui a confirmé les vertus héroïques du serviteur de Dieu Karol Wojtyla.
« Sa sympathie, la ferveur de sa prière, sa spontanéité, sa capacité à tisser des relations n'étaient pas les simples attributs d'une image médiatique mais constituaient l'essence réelle de sa personne », a affirmé Mgr Oder. La « rencontre avec Dieu », l'amour de Jean-Paul II pour le Christ, le fait de se sentir aimé de Lui, voilà « la confirmation certaine de la source de sa cohérence, de son énergie, de son enthousiasme, de sa profondeur et de son naturel », a ajouté le postulateur.
« Ils cherchent à me comprendre du dehors – avait un jour confié Karol Wojtyla – mais je ne peux être compris que de l'intérieur ». D'où « cet authentique don, goût et joie de la prière » à laquelle Karol Wojtyla « est toujours resté fidèle, jusqu'à son agonie ». Une prière qui constituait « l'air qu'il respirait, l'eau qu'il buvait, la nourriture qui le nourrissait ».
Selon plusieurs témoignages, pour Jean-Paul II, « le premier devoir du pape envers l'Eglise et le monde » était « celui de prier ». « Le parcours mystique de Karol Wojtyla – a expliqué Mgr Oder – s'est progressivement profilé comme ‘faire de soi un anawim', le ‘pauvre d'Israël' qui n'a d'autre espérance et point de référence que Dieu ». « C'est de la prière – a ajouté Mgr Oder – que naissait la fécondité de son action ».
Ce n'est pas pour rien qu'il répétait à ses collaborateurs qui admettaient n'avoir pas encore trouvé de solutions à certains problèmes : « Elles se trouveront quand nous aurons prié davantage ». De la prière naissait aussi « la capacité à dire la vérité sans peur puisque celui qui est devant Dieu n'a pas peur des hommes ».
Une extraordinaire liberté intérieure qui s'exprimait, avant tout, dans son rapport aux biens matériels. « Même comme pape, il était un homme d'une pauvreté radicale », a affirmé Mgr Oder.
« Le témoignage de personnes qui lui étaient proches, à Cracovie, est touchant : pour lui faire renouveler sa garde-robe, ils devaient recourir au stratagème de laver ses nouveaux vêtements plusieurs fois pour qu'ils semblent usés, parce qu'ils savaient qu'autrement, il les aurait donné à un pauvre ».
Toutefois, un des aspects les plus touchants de son choix de pauvreté, selon Mgr Oder, est « d'avoir abandonné le ‘poème' pour accueillir le Verbe », dépassant par son choix du sacerdoce « l'attraction qu'exerçait sur lui une autre vocation, celle du théâtre ».
Sa liberté intérieure s'exerçait aussi vis-à-vis des autres et s'il « savait écouter et accepter la critique, préférant la collaboration », il ne renonçait toutefois pas « à prendre des positions parfois difficiles et inconfortables ».
Son objectif, en effet, n'était pas « son propre succès ou sa réalisation » mais « annoncer la Vérité de l'Evangile et défendre la vérité sur l'homme ». De cette liberté qui se fonde sur le rapport avec Dieu est né le cri « n'ayez pas peur », début et marque de son pontificat.
Peut-être est-ce cette recherche de proximité avec tout homme, « dans le désir de partager ses joies et ses douleurs, de chercher et de vivre la vérité de l'homme », qui a rendu Karol Wojtyla « si cher et si aimé du peuple de Dieu ». On a découvert, affirme Mgr Oder « un phénomène singulier : Karol Wojtyla qui a perdu très tôt sa famille naturelle, avait un sens fort de la famille, il savait donner de la chaleur humaine ».
C'est ce qu'attestent les lettres qui continuent à arriver au bureau du postulateur et dans lesquelles les personnes s'adressent au pape comme « notre Pape, Lolek, Karol, oncle, grand-père, père ». Un phénomène qui n'est pas limité aux catholiques : « lors d'une rencontre personnelle – a raconté Mgr Oder – une femme juive m'a dit avoir perdu deux fois son père : la première fois quand son père naturel est mort et la deuxième fois avec la mort de Jean-Paul II ».
Un autre trait essentiel de la personnalité de Karol Wojtyla ne doit pas être oublié : « la présence de la croix dans sa vie, portée avec dignité et, à la fin, dans un silence qui parlait plus que la parole », revendiquant « le droit à l'existence qu'une société de l'éphémère cache avec honte ». « Des millions de personnes dans le monde – a rappelé Mgr Oder – conservent en mémoire l'image du pape, de dos, dans sa chapelle privée, embrassant la croix durant la célébration du Vendredi saint, transmise par la télévision ».
« Je suis convaincu – a affirmé Mgr Oder – que rédiger le procès a été utile ». Loin de « l'examen bureaucratique d'une existence », il a au contraire « permis de restituer intensité et vigueur aux aspects déjà connus de la vie du pape Jean-Paul II ainsi qu'aux épisodes inédits offerts au partage commun ».
« Si le but de l'Eglise, comme l'affirmait Karol Wojtyla, est de mener le plus grand nombre de personnes à la sainteté », le peuple des dévots « n'a pas de doutes sur la singularité de son exemple, poussé jusqu'à l'extrême sacrifice », a conclu Mgr Oder.
Chiara Santomiero
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