Le 19 février 2008, Reporters sans frontières a appris que cinq ans d’emprisonnement avaient été requis à l’encontre de Ganimat Zahidov, rédacteur en chef de l’un des principaux
quotidiens d’opposition, Azadlig, pour “hooliganisme aggravé” (article 127.2.3 du code pénal).
"Nous ne comprenons pas la sévérité du réquisitoire du procureur, qui a également demandé deux ans de privation de liberté pour le principal accusateur du journaliste. Ces propos renforcent notre conviction que Ganimat Zahidov paie le prix de ses articles critiques publiés dans Azadlig et que les autorités instrumentalisent un incident douteux ", a déclaré Reporters sans frontières.“Dans cette affaire, il semble qu’il est moins question de justice que de vengeance. Le frère cadet du journaliste, Sakit Zahidov, qui travaille pour le même quotidien, a été condamné en octobre 2006 à trois ans de prison à l’issue d’un procès au cours duquel l’accusation n’avait pu prouver qu’il possédait de la drogue “, a précisé l’organisation de défense de la liberté de la presse.Le 7 novembre 2007, alors que Ganimat Zahidov se rendait à la maison d’édition “Azerbaïdjan”, il avait aperçu une jeune femme (identifiée plus tard comme étant Sevgilade Guliyeva, déjà condamnée pour vol) stationnant dans les escaliers menant à ce bâtiment. Au passage du journaliste, elle avait commencé à crier et à l’accuser de l’avoir insultée. A ce moment, un homme, Vusal Hasanov, avait pris à partie Ganimat Zahidov, l’avait attrapé par la veste et invectivé en criant : “Qui es-tu pour importuner cette fille ?”. Le journaliste avait voulu le repousser et les deux hommes avaient commencé à se battre. Grâce au soutien de personnes présentes, Vusal Hasanov et la jeune femme avaient fui et s’étaient engouffrés ensemble dans un taxi.
Le jour même, Ganimat Zahidov avait relaté cet incident à Reporters sans frontières et déclaré qu’il s’agissait d’une provocation liée à ses articles dénonçant la corruption de la femme du président Ilham Aliev ou encore les infractions au code de la route commises par des proches du chef de l’Etat. Convoqué par la police le 10 novembre 2007, il a été placé en détention préventive le lendemain. Son procès s’est ouvert à Bakou le 8 janvier 2008.
Reporters sans frontières 20/2/2008