Deux semaines après leur exécution, les compositions musicales, commémoratives et catéchétiques, de Kiko Arguello, sur la souffrance des Innocents, font encore parler d’elles en Terre Sainte.
Près de 200 musiciens et chanteurs ont exprimé, par la musique et la prière, le cri de douleur des saints innocents et de la Vierge Marie, à Bethleem pour les arabes chrétiens de toutes confessions, mais également à Jérusalem pour la communauté juive, confirmant que la musique arrive à franchir un niveau de profondeur qui dépasse celui des mots.
Au micro de Radio Vatican, David Rosen reconnaît l’importance d’un événement culturel de ce genre dans le dialogue judéo-chrétien : il a le pouvoir d’unir des hommes de foi et de pensées différentes, dans un esprit de respect et de compréhension réciproques face à ce qui les divise.
« Quand nous n’utilisons pas que l’aspect cognitif, mais aussi l’aspect musical, ces événements acquièrent une importance encore plus grande », souligne-t-il.
Evoquant la souffrance des innocents comme trait d’union entre tous les hommes, David Rosen explique qu’il a été touché par l’esprit de solidarité et de compréhension profonde qui se dégage de ces compositions par rapport à la souffrance du peuple juif. Une souffrance qui, dit-il, a atteint en même temps son zénith et la profondeur de l’abîme dans la Shoah.
A l’heure où le christianisme est en pleine redécouverte de ses racines juives et d’une relation avec « ses frères aînés », l’impact d’un événement comme celui-ci entre dans le sillage de ceux entrepris à haut niveau par les papes en se rendant en Terre Sainte.
Un fait souligné par David Rosen qui est revenu sur le grand impact du pèlerinage de Jean Paul II pour la société israélienne et pour la Terre Sainte en général, et sur celui de sa visite à la synagogue de Rome en 1986, geste réitéré ensuite par Benoît XVI, donnant à ces deux initiatives « un statut presque institutionnel, à l’intérieur même du tissu de l’Eglise ».
« L’amour et le respect démontrés au peuple juif » par Jean Paul II et Benoît XVI ont été « d’une grande importance », reconnaît-il. « Quand les images sont allées dans le monde entier, tous ont compris qu’il y avait une nouvelle relation ».
Enfin, interrogé sur l’avenir concret de la collaboration entre juifs et chrétiens, le rabbin Rosen a insisté sur l’importance de poursuivre des initiatives centrées sur le dialogue et une meilleure compréhension réciproque entre juifs et chrétiens, mais en entreprenant aussi des démarches communes sur des projets spécifiques, où des organisations chrétiennes et juives agissent ensemble, comme le font déjà certaines organisations de bienfaisance surtout en Afrique et en Amérique Latine.
Et ceci, a conclu David Rosen, dans le sillage d’une des initiatives née du voyage de Jean Paul II en Terre Sainte qui a permis d’établir une commission bilatérale entre le Grand rabbinat et l’Eglise catholique.
Isabelle Cousturié
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