« Le respect de la personne doit être au centre des institutions et des lois, il doit conduire à la fin de toute violence et prévenir le risque que l’attention due aux demandes des citoyens et la nécessaire solidarité sociale se transforment en simples instruments pour garder ou conquérir le pouvoir », déclare Benoît XVI dans son discours annuel au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, reçu ce matin au Vatican.
Le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 178 pays, et avec une quarantaine d’organisations internationales.
Benoît XVI a évoqué tout d’abord les « développements graves et préoccupants de la crise économique et financière mondiale », soulignant combien elle frappe les jeunes : « Beaucoup, surtout parmi les jeunes, se sont sentis désorientés et frustrés dans leurs aspirations d’un avenir serein, mais elle a aussi profondément marqué la vie des pays en voie de développement ».
Le malaise des jeunes
Le pape invite à un sursaut « éthique », « non seulement pour chercher à endiguer les pertes individuelles ou celles des économies nationales, mais pour nous donner de nouvelles règles qui assurent à tous la possibilité de vivre dignement et de développer leurs capacités au bénéfice de la communauté dans son ensemble. »
A propos des jeunes, le pape ajoute : « De leur malaise sont nés les ferments qui, les mois derniers, ont investi, parfois durement, diverses régions. Je me réfère tout d’abord à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient, où les jeunes, qui souffrent entre autres de la pauvreté et du chômage et craignent l’absence de perspectives assurées, ont lancé ce qui est devenu un vaste mouvement de revendication de réformes et de participation plus active à la vie politique et sociale ».
Evoquant les difficultés qui ont surgi ensuite, le pape indique la clef de la paix et de la justice dans le respect de toute personne : « Le respect de la personne doit être au centre des institutions et des lois, il doit conduire à la fin de toute violence et prévenir le risque que l’attention due aux demandes des citoyens et la nécessaire solidarité sociale se transforment en simples instruments pour garder ou conquérir le pouvoir ».
Pour instaurer ce respect, le pape prône le « dialogue » : « J’invite la communauté internationale à dialoguer avec les acteurs des processus en cours, dans le respect des peuples et en étant consciente que la construction de sociétés stables et réconciliées, opposées à toute discrimination injuste, en particulier d’ordre religieux, constitue un horizon plus vaste et plus lointain que celui des échéances électorales ».
Education et ouverture à la vie
Benoît XVI évoque son message pour la Journée mondiale de la Paix, le 1er janvier dernier consacré à l’éducation des jeunes à la justice et là la paix : « Les jeunes, insiste le pape, nous poussent à considérer sérieusement leurs demandes de vérité, de justice et de paix. (…) L’éducation est un thème crucial pour toutes les générations, puisque d’elle dépend aussi bien le sain développement de chaque personne que l’avenir de toute la société. C’est pourquoi elle représente une tâche de première importance en un temps difficile et délicat ».
Le pape rappelle le rôle de la famille dans ce domaine, une famille « fondée sur le mariage d’un homme avec une femme », et il appelle de ses vœux des politiques familiales en disant : « Il ne s’agit pas d’une simple convention sociale, mais bien de la cellule fondamentale de toute société. Par conséquent, les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité. Le cadre familial, souligne encore le pape, est fondamental dans le parcours éducatif et pour le développement même des individus et des États ; en conséquence il faut des politiques qui le valorisent et qui aident à la cohésion sociale et au dialogue ».
Le pape salue aussi les politiques ouvertes à la vie en citant deux exemple : « Dans ce contexte de l’ouverture à la vie, j’accueille donc avec satisfaction la récente sentence de la Cour de Justice de l’Union européenne, qui interdit de breveter les processus relatifs aux cellules souches embryonnaires humaines, comme aussi la Résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui condamne la sélection prénatale en fonction du sexe ».
Toujours à propos de l’éducation des jeunes, Benoît XVI met en garde contre des attitudes qui l’entravent: « Je suis convaincu que s’opposent à l’éducation des jeunes et par conséquent à l’avenir de l’humanité, les mesures législatives qui non seulement permettent, mais parfois même favorisent l’avortement, pour des motifs de convenance ou des raisons médicales discutables ».
Le pape plaide pour l’éducation pour tous: « Il faut mettre en œuvre des politiques de formation afin que l’éducation scolaire soit accessible à tous et qu’en plus de promouvoir le développement cognitif de la personne, elle prenne soin de la croissance harmonieuse de la personnalité, y compris son ouverture au Transcendant ».
Le pape en souligne l’engagement de l’Eglise dans ce domaine et ajoute ce voeu: « Je souhaite donc que cette contribution soit reconnue et valorisée aussi par les législations nationales ».
Liberté religieuse
Autre clef de cette éducation : l’éducation au « respect de la liberté religieuse ». « Il s’agit, explique le pape, du premier des droits de l’homme, parce qu’elle exprime la réalité la plus fondamentale de la personne ».
Le pape a rendu hommage à la mémoire du Ministre pakistanais Shahbaz Bhatti, « dont l’infatigable combat pour les droits des minorités s’est achevé par une mort tragique » mais « il ne s’agit pas, malheureusement, d’un cas unique ».
Le pape déplore que « dans de nombreux pays les chrétiens sont privés des droits fondamentaux et mis en marge de la vie publique ; dans d’autres ils souffrent des attaques violentes contre leurs églises et leurs habitations », et il énumère différentes sortes de persécution et de discrimination.
« Le terrorisme motivé religieusement a fauché l’an passé également de nombreuses victimes, surtout en Asie et en Afrique, et c’est pourquoi, comme je l’ai rappelé à Assise, les responsables religieux doivent répéter avec force et fermeté que « telle n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son antithèse, qui contribue à sa destruction », insiste le pape qui redit sa conviction que « La religion ne peut être utilisée comme prétexte pour mettre de côté les règles de la justice et du droit en faveur du « bien » qu’elle poursuit ».
Pourtant, le pape discerne aussi des « signes encourageants dans le domaine de la liberté religieuse », citant « la modification législative grâce à laquelle la personnalité juridique publique des minorités religieuses a été reconnue en Géorgie », mais aussi « la sentence de la Cour européenne des droits de l’homme en faveur de la présence du Crucifix dans les salles de classes italiennes ».