L'Europe doit « prendre au sérieux » le problème de la faim dans le monde et « prendre conscience que cette situation n'est pas supportable », a déclaré le nouvel observateur permanent du Saint-Siège au Conseil de l'Europe, Mgr Aldo Giordano.
Cette prise de position de Mgr Giordano, diffusée sur les antennes de Radio Vatican, répond à l'avertissement lancé mercredi à Rome par le directeur de la F.A.O., Jacques Diouf, sur le fait que le nombre de personnes ne mangeant pas à leur faim dans le monde est passé de 850 à 925 millions en raison de l'augmentation du prix des aliments.
« Nous nous sommes trop habitués à entendre ces chiffres et à ne plus en être scandalisés, à supporter leur vue jusqu'au bout », s'est plaint Mgr Giordano.
Pour lui, ce problème est un des défis mondiaux que l'Europe doit affronter, en même temps qu'elle lutte pour la paix et la sauvegarde de l'environnement.
L'Europe, a-t-il ajouté, doit « prendre ses responsabilités à l'égard des autres continents : envers l'Amérique latine avec qui elle entretient des liens historiques et culturels très forts, l'Afrique spécialement éprouvée, l'Asie qui est le continent vraiment nouveau et qui, je pense, constitue le grand défi de l'histoire de demain ».
Les effets de la mondialisation ont transformé la planète en un véritable « village global », explique Mgr Giordano. « Dès l'instant où tout se joue dans la même maison, on se rend compte tout à coup qu'il y a un problème de ressources, un problème d'énergies, un problème d'environnement, de rencontre entre les cultures, de cohabitation entre les cultures et les religions ».
« Cela exige, selon moi, un saut de qualité : autrement dit, il faudrait découvrir une ‘nouvelle fraternité' ou une nouvelle profondeur dans la fraternité, car plus nous sommes proches, plus nous devons nous sentir interpelés à découvrir que nous sommes frères. Dans le cas contraire, nous risquons vraiment l'affrontement : des heurts entre les cultures et des heurts de civilisations », a-t-il mis en garde.
Selon Mgr Giordano, ce n'est qu'en assumant ses propres responsabilités que l'Europe aura « la possibilité de se retrouver elle-même, donc de retrouver sa grande culture, sa grande tradition, de retrouver son identité ».
Les grands défis auxquels le continent doit faire face en son sein, a ajouté l'observateur permanent du Saint-Siège, sont : « redécouvrir le christianisme », « retrouver le chemin de l'unité entre les chrétiens » et « trouver les voies de la collaboration avec les grandes religions ».
ROME, Vendredi 19 septembre 2008 (ZENIT.org)