Celui-ci s’est tenu en présence du chef de l’Église maronite, de son vicaire général Boulos Sayah et de plusieurs évêques, ainsi que du nonce apostolique, Gabriele Caccia, de membres de la famille, d’amis et des piliers de la Fondation maronite dans le monde, que préside Michel Eddé.
Plus encore que la générosité dont Michel Eddé a su faire preuve chaque fois qu’il fallait reconstruire une église du diocèse – à commencer par la cathédrale Saint-Georges de Beyrouth, et sans oublier l’église Saint-Élie, à Bhamdoun – , c’est « l’esprit de réconciliation entre les diverses confessions » que Mgr Matar a encore dit vouloir honorer.
« C’est dans les êtres humains, de toutes les confessions, que Michel a investi autant et plus que dans les édifices, malgré toute leur importance. Cela n’est-il pas une contribution à l’édification du Royaume de Dieu ? » a souligné l’archevêque de Beyrouth, qui a annoncé en outre que la municipalité de Beyrouth allait attribuer le nom de Michel Eddé à une place du centre de Beyrouth.
Une bouleversante profession de foi
Le nonce apostolique Gabriele Caccia, qui a endossé avec conviction l’idée de conférer à Michel Eddé la Grand-Croix de Saint Grégoire, a ensuite lu – en latin – le décret pontifical y afférent, signé par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État du Vatican.
L’assistance a ensuite pu écouter une bouleversante profession de foi catholique de Michel Eddé, qui a commencé par citer… Alphonse Daudet décrivant les obsèques de Victor Hugo et affirmant que « la mort en dehors de l’Église manque de majesté ». « J’avoue que c’est la citation qui m’est spontanément venue à l’esprit, en préparant cette allocution », a dit Michel Eddé avant d’enchaîner : « Je me permets d’ajouter que la vie aussi, sans l’Église, manque de majesté et de la dignité humaine. »
« C’est à son attachement indéfectible à l’Église catholique que l’Église maronite doit la double grâce de l’enracinement et de l’ouverture qui la marquent », a enchaîné Michel Eddé.
« L’Église maronite catholique, ce roc inébranlable qui détient les secrets de l’incarnation et du renouveau, n’a pas voulu que son bien soit l’exclusivité de ses seuls fils, mais a voulu le partager avec tout son milieu et son environnement humains, a souligné l’ancien ministre. Le Sermon sur la Montagne a inspiré aux maronites à être les initiateurs d’une formule de société unique, reposant sur la diversité religieuse, et la pierre d’angle de l’édification d’un Liban, patrie privilégiée de la convivialité dans l’unité, pionnière dans l’art de rapprocher les distances séparant les religions. »
« Le sombre spectacle offert en ce moment par le Liban est un phénomène accidentel et destiné à disparaître, a poursuivi Michel Eddé, dans une allusion à l’actualité politique. Nous sommes le peuple d’une espérance qui n’a jamais été défaite quand des circonstances adverses ont mis à l’épreuve notre formule et notre foi, aussi bien en tant qu’Église qu’en tant que société, entité et patrie. Cette terre demeurera belle, unie et bien enracinée pour tous ceux qui ont choisi de bâtir leur vie sur l’amour et la justice, pour tout homme qui demeure attentif à garder son âme chrétienne hors d’atteinte. »
Raï : « Un modèle à suivre »
Dans un mot improvisé, prononcé en conclusion de la cérémonie, le patriarche devait affirmer que « s’il y a un Libanais aujourd’hui qui mérite la Grand-Croix de l’ordre de Saint Grégoire, et tous les Libanais en conviendront, c’est bien Michel Eddé ! »
Le patriarche a vu dans « le geste prophétique » de Benoît XVI comme un préambule à la visite qu’il doit effectuer en septembre prochain au Liban.
« Le Saint-Père a voulu présenter des hommes comme Michel Eddé comme des modèles à imiter », a-t-il affirmé.
« Cette distinction honorifique, chaque Libanais devrait en être fier », a ajouté le patriarche.
Se référant à l’affligeante actualité politique, le chef de l’Église maronite a reconnu que « notre société régresse et que l’identité libanaise subit quelque évolution ».
Mais, a-t-il dit, ce n’est pas là le véritable Liban. Le véritable Liban est cette société que, dans un geste prophétique, le pape désigne du doigt, en attribuant à Michel Eddé, un homme qui en est digne, la plus haute distinction que le Saint-Siège puisse conférer.