Le témoignage poignant d’évêques du Pakistan, d’Egypte et d’Irak
organisée à Paris (France) par l'Aide à l'Eglise en Détresse (AED), le 4 mai dernier.
Devant plus de deux milles personnes réunies dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, Mgr Joseph Coutts, évêque de Faisalabad et président de la conférence épiscopale du Pakistan, Mgr Youhanna Golta, vicaire patriarcal d'Alexandrie (Egypte) et Mgr Georges Casmoussa, ancien évêque syriaque catholique de Mossoul (Irak) ont rappelé combien la liberté de croire était une « véritable responsabilité » pour les chrétiens de France et d'Europe qui sont « entièrement libres de croire ou de ne pas croire ».
« Comment utilisez-vous cette liberté ? », a lancé l'évêque de Faisalabad. « Comme Jésus dit à Pierre : ‘Avance au large et jette les filets', j'aimerais vous dire : ‘Soyez fiers de votre foi, n'hésitez pas à être témoins dans votre propre pays et à continuer à aider les autres' ».
Tout en invitant à soutenir les chrétiens par la prière, l'évêque pakistanais est longuement revenu sur le parcours de Shahbaz Bhatti, ministre des minorités assassiné au Pakistan pour s'être opposé à la loi sur le blasphème.
« Il était la voix de la paix », a affirmé Mgr Coutts. « Tout le monde l'aimait pour sa simplicité et son honnêteté. Il voulait sincèrement apporter un changement à ce climat de violence et de terrorisme dans ce pays. Mais lorsqu'il a commencé à combattre la loi anti-blasphème au Pakistan, les islamistes musulmans ont commencé à le menacer ».
« Ses amis lui disaient de quitter le pays pour 6 mois ou un an », a-t-il poursuivi. « Mais il disait : ‘Je dois dire la vérité. Je sais que je prends le chemin du calvaire. Je me mets aux pieds de Jésus' ». « Dans notre culture – a encore expliqué Mgr Coutts – le fait de se mettre au pied de quelqu'un, c'est le reconnaître comme notre maître, notre guide, accepter tout ce qu'il nous dira. Sa fidélité au Christ lui a coûté la vie ».
« Les coptes sont écrasés par un coran extrémiste », déplore Mgr Golta
A son tour, le vicaire patriarcal d'Alexandrie, Mgr Youhanna Golta, a évoqué l'Eglise copte comme « la mère des martyrs ».
« Les coptes sont vraiment persécutés, oui, je ne peux pas le nier », a-t-il confessé. « J'aime mon pays, mon peuple, mais je dois dire la vérité. Chrétiens et musulmans sont écrasés. Les coptes sont écrasés par un coran extrémiste ».
Mgr Golta a évoqué un « courant fanatique » qui veut « islamiser le monde par la force ». Ce courant fanatique détruit des églises, tue des chrétiens, brûle des églises ». Mais « nous avons l'espoir », a-t-il poursuivi. « La lumière est plus forte que l'ombre. L'amour est plus fort que la haine ».
« Nous avons besoin de la solidarité de l'Eglise universelle »
« Amertume et espérance » : c'est ce que ressentent aujourd'hui les chrétiens d'Irak, témoigne enfin Mgr Georges Casmoussa, ancien évêque syriaque catholique de Mossoul (Irak).
« Amertume parce qu'originaire et autochtone depuis toujours de ce pays et dans ce pays, ils se voient mis de côté, oubliés ou plutôt maltraités par un terrorisme devenu aveugle depuis 2003 ».
Mais malgré le millier de laïcs chrétiens assassinés en Irak, « nous gardons l'espérance », a-t-il expliqué en citant Tertullien : « Le Sang des Martyrs est semence de chrétiens ». « Nous y croyons profondément », a-t-il affirmé en présence d'une délégation d'irakiens rescapés de l'attentat de Bagdad du 31 octobre dernier.
Mgr Casmoussa a enfin invité à prier pour l'Irak. « Nous avons besoin de votre prière, nous avons besoin de votre soutien, nous avons besoin de la solidarité de l'Eglise universelle pour nous soutenir dans notre effort » de rester « autant que possible » sur notre terre. « Mais aussi d'exiger de notre gouvernement, de nos voisins musulmans, de respecter la vie, de respecter l'autre, de respecter le droit des autres ».
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