en présidant la messe de l'Epiphanie du Seigneur dans la cathédrale de Gênes.
« Cette question n'est pas une question rhétorique et ne cache en rien un désir de vengeance, a poursuivi le cardinal dans son homélie. Elle est sincère et nait – et il ne peut en être autrement – du sang de si nombreux chrétiens, de leurs souffrances. C'est une question qui fait écho au frisson d'interrogations qui parcourt tant de régions du monde : Pourquoi ? ».
« Peut-être parce que l'on identifie le christianisme au monde occidental ? – a-t-il ajouté, – et contre lequel explosent des ressentiments d'hier et d'aujourd'hui ? Mais il ne peut échapper que l'Evangile s'incarne dans chaque culture sans s'identifier à personne ».
« Il est historique, a expliqué le cardinal Bagnasco – et donc appelé à être sel et levain dans la pâte où il se trouve. Mais il revêt aussi une dimension méta-historique à laquelle on ne saurait renoncer. La foi chrétienne, a-t-il rappelé, est présente dans le monde entier, selon le mandat du Seigneur, et s'implante, cohabite, de manière respectueuse et bénéfique, dans chaque pays, peuple, tradition ».
Ou alors, a dit le président de la CEI, « l'intolérance, dont les chrétiens font l'objet, est-elle due à leur propre intolérance religieuse ? Là aussi, nous devons regarder sereinement la doctrine de la foi et le comportement des disciples du Christ ».
« Dans l'enseignement de Jésus il n'existe pas l'ombre d'une intolérance, mais uniquement l'invitation à chercher honnêtement la vérité, nous rappelant que seule la vérité libère l'homme et qu'elle est le critère du bien moral », a-t-il souligné.
« Là où ils vivent et sont majoritaires, les chrétiens ne sont arrogants envers personne, et encore moins intolérants. Ils participent à la vie publique dans le respect des lois, proposent les valeurs fondamentales qui sont à la base de l'humanisme et d'une société libre et juste : des principes et des valeurs auxquels ils croient de par leur foi mais qui sont aussi une conquête de la raison ».
« Mais alors, s'interroge le cardinal Bagnasco, serait-ce que les chrétiens sont discriminés et pourchassés justement parce que, au nom du Christ, ils parlent de dignité et d'égalité envers chaque personne, homme ou femme ? Qu'ils parlent de liberté de conscience ? Parce qu'ils prêchent l'amour aussi envers leurs ennemis ? Parce qu'ils parlent de pardon, refusent la violence et agissent en artisans de paix ? Parce qu'ils prêchent la justice et l'Etat de droit ? Serait-ce pour cela que certains les jugent dangereux et inacceptables, objet d'intolérance, qu'ils pensent qu'ils méritent la mort ou la persécution ? ».
Le cardinal Bagnasco a terminé son homélie par un appel à la communauté internationale et à l'Europe en particulier, afin qu'elle intervienne d'une voix forte et claire afin que le droit à la liberté religieuse soit observé « partout et sans exceptions ». Il s'est adressé aux fidèles, les invitant à prier pour les défunts, pour leurs familles mais aussi pour les persécuteurs.
« Puisse l'exemple de tant de nos frères dans la foi qui risquent et donnent leur vie pour Jésus et pour l'Eglise, a-t-il conclu, nous secoue de la torpeur des choses faciles ».
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