Étaient invités à l’événement les responsables directement impliqués dans la sensibilisation au patrimoine allemand (l’attaché culturel près l’ambassade d’Allemagne, Sebastian Damm) et les parties œuvrant pour des partenariats efficaces au niveau académique, notamment le DAAD, association active dans les échanges interuniversitaires, Roula Khoury, responsable du département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Saint-Joseph, ainsi que les individus qui, par leur élan d’ouverture à l’Allemagne, portent l’essence même de la coopération réussie (plusieurs élèves de l’École allemande ayant postulé pour une bourse du DAAD afin de poursuivre leurs études en Allemagne).
Un perfectionnisme libéral
Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Damm, dont la tenue dandy agrémente la rigueur de ses propos, s’est attardé sur les qualités complémentaires de l’Allemagne et du Liban. « Le Liban a un potentiel inestimable au niveau de l’éducation, en tant que plate-forme pour l’ensemble de la région, que nous aimerions exploiter éventuellement », a-t-il déclaré. Ainsi, le terrain libanais se marie parfaitement avec « le perfectionnisme allemand », une expression que l’attaché culturel préfère substituer au terme de « discipline », que d’aucuns ont tendance à accoler au peuple allemand, mais qui résonne avec un passé déchu. D’ailleurs, le système académique allemand est « profondément libéral », a fait remarquer M. Damm. « Sans exiger d’efforts ahurissants pour décrocher un diplôme, notre méthode s’appuie sur une individualité qui n’a d’équivalent dans aucun autre pays », a-t-il poursuivi.
L’École allemande
de Beyrouth
C’est cette approche qui a séduit justement nombre de Libanais, dont Amin Khalil, aujourd’hui président de l’Association des diplômés des universités allemandes, qui a effectué ses études de médecine, puis de cardiologie, dans le cadre pittoresque de la prestigieuse Université de Heidelburg. « C’est l’égalité intrinsèque aux interactions entre étudiants et professeurs qui m’a le plus séduit. C’est ce que véhicule d’ailleurs l’École allemande de Beyrouth, qui réunit de surcroit toutes les composantes libanaises », a-t-il confié à L’OLJ.
Rappelant l’historique de cette école, fondée en 1954 à Dohat el-Hoss, devenue « symbole immuable de rencontre et d’amalgame », M. Khalil s’est remémoré les périples de l’établissement, réduit à quelque trente élèves et transféré à Ras-Beyrouth (ancien siège du Goethe Institut-Centre culturel allemand) pendant la guerre civile. Rétablie – non sans difficulté –,
dans ses anciens locaux en 1995, cette école « compte aujourd’hui 1 200 étudiants. Fantastique relèvement ! » s’est-il exclamé.
Germ(anophil)es
en éclosion
Convaincu de « la germanophilie des Libanais, marqués par l’image de l’indéniable robustesse allemande », il a choisi pour épouse Gabriele Bunzel, aujourd’hui enseignante de sociologie à l’USJ. Elle a mis l’accent, pour sa part, sur la mise en place d’un réseau bien défini entre l’école, les anciens élèves, et les organisations et institutions allemandes. Ce réseau promet de s’affermir avec la création en cours d’une amicale des anciens de l’École allemande, mais aussi par la relance du Goethe Institut le mois prochain. Un autre rouage important, le colloque sur le printemps arabe que les présidents des associations des diplômés des universités allemandes dans le monde, réunis récemment à Bonn, ont choisi de tenir à Beyrouth au cours de cette année. Une année durant laquelle les germes de la coopération libano-allemande promettent de s’éclore.