Le corps du patriarche, portant une tiare et revêtu d’habits sacerdotaux richement ornés, était disposé assis sur un trône de bois sculpté dans la cathédrale Saint-Marc du Caire, siège de l’Église copte, où les funérailles doivent être célébrées demain. Dehors, les fidèles vêtus de noir patientaient sur plus d’un kilomètre. La télévision d’État a rappelé que le corps serait exposé jusqu’à demain, dans l’espoir d’éviter un phénomène de foule encore plus important. Dans la cathédrale, beaucoup étaient en larmes. Certains prenaient une dernière photo de leur chef spirituel, tandis qu’un évêque était à genoux, la tête appuyée sur le trône.
« C’est une grande perte pour l’Égypte », a déclaré le ministre du Tourisme, Mounir Fakhry Abdel Nour, un copte proche de Chenouda, ajoutant : « Il était sage et très écouté. Il va nous manquer en ces temps où nous avons besoin de sagesse et d’esprit patriotique. » « L’Égypte pleure », a titré le quotidien al-Masry al-yom, tandis que de nombreuses personnalités ont rendu hommage au patriarche, dont la silhouette fragile était familière aux chrétiens comme aux musulmans. « L’Égypte a perdu un de ses plus grands hommes », a déploré al-Azhar, plus haute institution de l’islam sunnite. Ce décès est « une grave calamité qui afflige l’Égypte tout entière », a estimé pour sa part le mufti Ali Gomaa, alors que le Parti de la liberté et la justice, issu des Frères musulmans, a salué le « grand rôle » de Chenouda III dans le pays.
À l’étranger, le pape Benoît XVI a rendu hommage à un « grand pasteur », et le président américain Barack Obama a salué la mémoire d’un « avocat de la tolérance et du dialogue religieux ». Le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a évoqué « un personnage qui a pris sur lui la responsabilité de l’Égypte et de tous les Arabes », tandis que le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Ami Abdollahian, a salué son action « en faveur de la justice et de la paix ». Et l’État hébreu a envoyé un message de condoléances à l’Égypte, a indiqué le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué. « Le ministère des Affaires étrangères présente ses sincères condoléances à l’Égypte, à la communauté copte et au peuple égyptien après la disparition du patriarche copte Chenouda III », indique le communiqué. Israël a salué Chenouda III comme « un dirigeant spirituel important » qui a apporté sa « contribution à la fraternité et à la coexistence en Égypte ».
Conformément à ses vœux, le patriarche sera inhumé au monastère Saint-Bichoï, à Wadi Natroune. Selon la presse, les évêques coptes d’Égypte et du reste du monde sont attendus au Caire pour les obsèques et les préparatifs en vue du choix du nouveau chef de cette Église orthodoxe. En attendant, l’évêque Pachomius (Pachôme), de la province de Beheira (delta du Nil), doit assurer l’intérim pendant deux mois. Toutefois, le processus de sélection pourrait prendre plusieurs mois. Sans limite de temps, il avait pris sept mois entre la mort de Cyrille VI et la nomination de Chenouda III en 1971. Le nouveau patriarche sera choisi sur la base d’un règlement interne établi en 1957. Selon ce règlement, il doit être un copte d’Égypte, célibataire et âgé d’au moins 40 ans. Il doit aussi avoir passé au moins 15 ans dans un monastère et ne peut être à la tête d’une paroisse. Les candidats au siège de patriarche peuvent soit se présenter eux-mêmes, soit être proposés par d’autres. Les noms des trois candidats recevant le plus de voix sont inscrits sur trois papiers. Ces papiers sont ensuite pliés et un enfant de la congrégation en choisit un, qui sera le nouveau patriarche.