Kareem Amer doit sa notoriété en Egypte à ses critiques virulentes envers le régime. Reporters sans frontières craint que les autorités ne profitent de l’occasion pour le renvoyer durablement en prison.
Reporters sans frontières s’inquiète des représailles possibles contre les journalistes, blogueurs et fixeurs locaux, alors que les médias internationaux quittent progressivement le pays. L’organisation appelle à la plus grande vigilance et somme les autorités de mettre fin à cette campagne d’intimidation contre les professionnels de l’information qui tentent de couvrir les événements en Egypte.
La blogueuse Asma Mahfouz, qui avait appelé les Egyptiens à descendre dans la rue pour manifester le 25 janvier dernier, a déclaré à la chaîne BBC, le 5 février 2011, avoir reçu de nombreux appels téléphoniques de partisans du président Hosni Moubarak menaçant de la tuer, elle et sa famille.
Reporters sans frontières a également reçu l’information selon laquelle les journalistes souhaitant se rendre sur la place Tahrir devaient maintenant s’enregistrer auprès des services du ministère de l’Information. Ceci revient à contrôler le déplacement des professionnels de l’information, et par conséquent constitue une réelle mesure de censure (cf : http://twitter.com/justimage).
Enfin, le 7 février 2011, des perturbations des réseaux de téléphonie mobile et des problèmes d’accès à Internet depuis la place Tahrir ont été signalées à l’organisation.
Reporters sans frontières rappelle que Kareem Amer avait été condamné, le 22 février 2007, à trois ans de prison pour "incitation à la haine de l’islam" et un an pour "insulte au président égyptien" sur son blog. Il y dénonçait les dérives religieuses et autoritaires du gouvernement, ce qui lui avait valu une première interpellation dès 2005. Il écrivait également régulièrement sur les discriminations envers les femmes et critiquait l’université sunnite Al-Azhar où il avait étudié le droit. Le blogueur a été soumis à de dures conditions de détention. Dans le monde entier, de nombreux mouvements de soutien, organisés notamment par la Free Kareem Coalition, avaient vu le jour ces dernières années pour réclamer sa libération. Reporters sans frontières lui avait décerné son prix “Cyberlibertés“ en décembre 2007.
Le 15 novembre 2010 au soir, Kareem Amer avait finalement été relâché. Bien qu’il eût terminé de purger sa peine de quatre ans de prison le 5 novembre 2010, il n’avait pas été libéré. Au cours de cette détention illégale, il a été victime de mauvais traitements au siège des services de la sécurité intérieure à Alexandrie.
Selon le bilan des exactions contre les médias, établi par Reporters sans frontières depuis le 2 février 2011, un journaliste, Ahmed Mohammed Mahmoud d’Al-Ahram, a trouvé la mort. Au moins soixante-quinze journalistes ont été attaqués et quatre-vingt un détenus. Voir le bilan : http://fr.rsf.org/egypte-bilan-des-violences-04-02-2011,39485.html