Le syndicat UGTT propose un nouveau scénario de sortie de crise. Les journalistes tunisiens observaient hier une journée de débrayage pour dénoncer les pressions du système judiciaire et du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda
après la multiplication de poursuites relevant, selon des ONG, de la liberté d’expression et d’information. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a revendiqué hier un taux de participation à la grève du secteur dépassant 90 %, selon Mongi Khadraoui, secrétaire général du syndicat. Il a d’ailleurs accusé la direction de la radio nationale d’avoir tenté de « casser » le débrayage. Le SNJT accuse le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda d’avoir nommé des proches à la tête de ce média public. « Il y a eu une tentative de casser la grève à la radio nationale en utilisant des collaborateurs extérieurs mais elle a échoué car les techniciens ont refusé de coopérer avec eux », selon lui. Quelque 250 personnes, journalistes, politiques et représentants du milieu associatif, ont également manifesté dans l’après-midi à Tunis devant le siège du SNJT en soutien aux grévistes.
La grève a été décidée après qu’un journaliste, Zied el-Heni, eut été incarcéré trois jours durant pour avoir accusé un procureur d’avoir falsifié des preuves pour impliquer un cameraman dans un jet d’œufs contre un ministre. Elle intervient aussi sur fond de multiplication des poursuites judiciaires contre des médias, des journalistes et des artistes. « C’est une grève pour défendre la valeur de la liberté, la liberté de la presse et d’expression qui sont les plus importants acquis de la révolution » de janvier 2011, a estimé M. el-Heni, qui était parmi les manifestants.
La grève a été décidée après qu’un journaliste, Zied el-Heni, eut été incarcéré trois jours durant pour avoir accusé un procureur d’avoir falsifié des preuves pour impliquer un cameraman dans un jet d’œufs contre un ministre. Elle intervient aussi sur fond de multiplication des poursuites judiciaires contre des médias, des journalistes et des artistes. « C’est une grève pour défendre la valeur de la liberté, la liberté de la presse et d’expression qui sont les plus importants acquis de la révolution » de janvier 2011, a estimé M. el-Heni, qui était parmi les manifestants.
« Dompter les journalistes »
« Le pouvoir n’arrivera jamais à dompter les journalistes », a aussi lancé M. el-Heni, à l’antenne de la radio Mosaïque FM, dont les bulletins d’informations sont consacrés uniquement à la grève. Une large part de la société civile et des journalistes accusent depuis des mois les islamistes d’Ennahda de pressions sur la presse et de chercher à contrôler les lignes éditoriales des médias publics à travers les nominations de directions dociles. Une
première grève en octobre 2012 avait déjà été très suivie. Les défenseurs des droits de l’homme soulignent notamment que le gouvernement, la justice et la police appliquent systématiquement aux médias le code pénal hérité du régime déchu de Zine el-Abidine Ben Ali au lieu des décrets postrévolutionnaires 115 et 116 bien moins répressifs organisant la liberté d’information. Contrairement aux dispositions pénales, ces décrets prévoient notamment que la diffamation et les délits de presse ne sont pas passibles de peines de prison ferme. Depuis août, outre les poursuites contre M. el-Heni, le caméraman ayant filmé un jet d’œufs contre un ministre a été emprisonné trois semaines durant et reste inculpé et un syndicaliste des forces de l’ordre a été placé en détention provisoire pour avoir accusé dans les médias un procureur de se soumettre au bon vouloir du pouvoir.
Ce vif conflit autour de la liberté d’expression intervient alors que le cabinet gouvernemental est profondément fragilisé par une interminable crise politique déclenchée par l’assassinat le 25 juillet d’un député d’opposition, Mohammad Brahmi. Une hétéroclite coalition d’opposants et les partisans d’Ennahda sont engagés, depuis, dans un bras de fer autour des conditions de la démission du gouvernement sans aboutir à un compromis, paralysant la vie politique et notamment la procédure d’adoption de la Constitution dont l’adoption est cruciale pour la mise en place d’institutions pérennes et la tenue de nouvelles élections. Le puissant syndicat tunisien UGTT a d’ailleurs publié hier une nouvelle initiative pour extraire le pays de la crise, demandant aux partis des deux camps de se réunir à une date non précisée avec le président Moncef Marzouki et le Premier ministre Ali Larayedh pour annoncer solennellement que le gouvernement dirigé par les islamistes sera remplacé sous trois semaines par un cabinet d’indépendants. Parallèlement, l’Assemblée nationale constituante (ANC) doit en un mois, à compter de cette annonce, approuver une loi et une commission électorale, fixer le calendrier des scrutins à venir et adopter la Constitution dont l’élaboration est en panne depuis des mois.
« Le pouvoir n’arrivera jamais à dompter les journalistes », a aussi lancé M. el-Heni, à l’antenne de la radio Mosaïque FM, dont les bulletins d’informations sont consacrés uniquement à la grève. Une large part de la société civile et des journalistes accusent depuis des mois les islamistes d’Ennahda de pressions sur la presse et de chercher à contrôler les lignes éditoriales des médias publics à travers les nominations de directions dociles. Une
première grève en octobre 2012 avait déjà été très suivie. Les défenseurs des droits de l’homme soulignent notamment que le gouvernement, la justice et la police appliquent systématiquement aux médias le code pénal hérité du régime déchu de Zine el-Abidine Ben Ali au lieu des décrets postrévolutionnaires 115 et 116 bien moins répressifs organisant la liberté d’information. Contrairement aux dispositions pénales, ces décrets prévoient notamment que la diffamation et les délits de presse ne sont pas passibles de peines de prison ferme. Depuis août, outre les poursuites contre M. el-Heni, le caméraman ayant filmé un jet d’œufs contre un ministre a été emprisonné trois semaines durant et reste inculpé et un syndicaliste des forces de l’ordre a été placé en détention provisoire pour avoir accusé dans les médias un procureur de se soumettre au bon vouloir du pouvoir.
Ce vif conflit autour de la liberté d’expression intervient alors que le cabinet gouvernemental est profondément fragilisé par une interminable crise politique déclenchée par l’assassinat le 25 juillet d’un député d’opposition, Mohammad Brahmi. Une hétéroclite coalition d’opposants et les partisans d’Ennahda sont engagés, depuis, dans un bras de fer autour des conditions de la démission du gouvernement sans aboutir à un compromis, paralysant la vie politique et notamment la procédure d’adoption de la Constitution dont l’adoption est cruciale pour la mise en place d’institutions pérennes et la tenue de nouvelles élections. Le puissant syndicat tunisien UGTT a d’ailleurs publié hier une nouvelle initiative pour extraire le pays de la crise, demandant aux partis des deux camps de se réunir à une date non précisée avec le président Moncef Marzouki et le Premier ministre Ali Larayedh pour annoncer solennellement que le gouvernement dirigé par les islamistes sera remplacé sous trois semaines par un cabinet d’indépendants. Parallèlement, l’Assemblée nationale constituante (ANC) doit en un mois, à compter de cette annonce, approuver une loi et une commission électorale, fixer le calendrier des scrutins à venir et adopter la Constitution dont l’élaboration est en panne depuis des mois.
L'orient le jour