Le 3 juillet dernier Benoît XVI a approuvé un décret de la Congrégation pour les causes des saints reconnaissant l'authenticité d'un miracle dû à la prière du bienheureux Bernard Tolomei, fondateur de la congrégation du Mont Olivet (1272-1348).
Pour approfondir la spiritualité du bienheureux italien, Zenit a interviewé le frère François You, abbé bénédictin olivétain de l'abbaye de Maylis.
Dans une société où tout est relativisé, où l'on ne sait plus ce qui est bien et ce qui est mal, « les moines montrent par leur vie que Dieu est », affirme-t-il.
Zenit -Pouvez-vous nous rappeler qui était Bernard Tolomei ?
Fr. François You – Bernard Tolomei naît à Sienne en 1272 dans une famille noble et deviendra un notable de sa ville. Parallèlement il éprouve un besoin de plus en plus pressant de se dédier à la recherche de Dieu dans la prière. Agé de 40 ans, il se retire sur ses terres avec quelques amis, à Monte Oliveto, près d'Accona, en 1313.
Ils commencent à mener une vie monastique simple, mais, des vocations venant les rejoindre, ils choisissent de suivre la règle de Saint Benoît, et revêtent l'habit blanc en signe de vie nouvelle et de dévotion à Marie.
En 1319 ils obtiennent l'approbation de leur évêque, puis les fondations se multipliant, c'est le pape Clément VI qui reconnaît la Congrégation de Sainte Marie de Monte Oliveto, en 1344.
Bernard fut abbé de ses frères de 1322 jusqu'à sa mort en 1348. Celle-ci survint alors que la peste noire sévissait dans toute la Toscane. Bernard s'était rendu dans leur monastère de Sienne pour aider et soigner ses frères. Il fut contaminé à son tour, offrant sa vie à la suite de Jésus : « il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime ».
Zenit – Quel sont les éléments de la spiritualité olivétaine qui attirent le plus les nouvelles vocations selon vous ?
Fr. François You – Bernard Tolomei a fondé une communauté bénédictine. Devant l'afflux de vocations, quand il a commencé à établir des fondations, il a voulu que ses moines ne forment qu'une seule communauté répartie en plusieurs maisons. A eux tous, ils voulaient ne former qu'un seul corps, dont la tête soit la maison mère et dont les fondations constituent les membres.
Cette volonté de communion entre les monastères olivétains invite chaque communauté à se savoir et se vouloir profondément solidaire de tous les autres olivétains dans le monde.
Cette dimension de communion au-delà des limites du monastère est un élément qui parle beaucoup aux jeunes habitués à la mondialisation.
Zenit – Et qu'est-ce que la spiritualité olivétaine peut apporter, selon vous, à notre monde d'aujourd'hui ?
Fr. François You – En plus de ce que je viens de dire ci-dessus, je rappelle que les olivétains sont d'abord des moines bénédictins. Qu'apportent les moines au monde d'aujourd'hui ?
La réponse s'inscrit, je crois, dans un double témoignage :
Témoignage de l'absolu de Dieu : Dans notre société où tout est relativisé, on ne sait plus ce qui est bien ou mal, on ne perçoit plus le sens de la vie, on ne croit plus aux engagements durables etc. les moines montrent par leur vie que DIEU EST ; qu'on peut construire sa vie totalement sur lui, dans la durée ; qu'une telle vie non seulement n'ampute pas leur humanité, au contraire elle l'épanouit, la libère, les rend heureux.
Témoignage de l'agapè vécue : J'appelle ‘agapè' l'amour vécu dans la Trinité, échangé entre les Personnes divines, et qui nous est communiqué, dont nous sommes rendu participants par l'Esprit Saint.
Quand une communauté monastique cherche à vivre de cette réalité, malgré ses faiblesses, les gens qui viennent le perçoivent : ils sentent que les personnes sont respectées, que la communion entre tous est réelle et n'écrase pas les personnalités, que chacun ne cherche pas son intérêt immédiat mais que toutes les décisions sont prises aussi en tenant compte des répercussions communautaires, que la communauté forme une véritable famille unie autour d'un père qui n'est pas là en son nom propre mais au nom du Christ, que le pardon mutuel est toujours possible et permet de tout recommencer etc.
A notre époque, on n'ose plus croire que l'Amour soit possible. Quand des hommes ou des femmes cherchent à le vivre en vérité, malgré leurs pauvretés, cela fait un bien fou à ceux qui les approchent. Combien de couples nous ont fait part de leur questionnement : « si ces moines qui ne se sont pas choisis, sont capables de vivre toute une vie ensemble à 20, nous qui nous sommes choisis, nous devrions pouvoir y arriver à 2 ! »
Ce témoignage d'agapè vécue est celui que doit porter toute communauté chrétienne. La grâce de la vie monastique est de montrer, par ses longues heures de prière, que cet Amour, cet agapè, ne se forge pas à la force du poignet, il se reçoit de Dieu.
Zenit – Les monastères olivétains proposent-ils aux fidèles des temps de ressourcement ou un accompagnement spirituel ? Où se situent les monastères francophones ?
Fr. François You – Comme dans tous les monastères bénédictins, ceux de la Congrégation de Mont Olivet présentent une dimension d'accueil importante. Saint Benoît lui-même constatait que « les hôtes ne manquent jamais au monastère », il prit donc des mesures pour guider la manière de les accueillir.
En France, les monastères olivétains sont peu nombreux. On connaît surtout l'Abbaye du Bec Hellouin, en Normandie (27) avec ses fondations au Mesnil Saint Loup (10) et Abu Gosh (Israël). Dans toutes ces maisons une communauté de sœurs est en lien étroit avec celle des frères (liturgie partiellement commune etc.). Dans les Landes (40) il y a une communauté de moniales olivétaines, Eyre Moncube, à 15 km de celle des moines de Maylis, mais les deux monastères n'ont pas de liturgie en commun.
ROME, Jeudi 24 juillet 2008 (ZENIT.org)