Le directeur, qui se dit lui-même « impressionné » par ces chiffres, qui n’ont rien à envier aux autres grands musées à forte affluence comme le Louvre (le plus visité de tous avec ses 8 millions et demi de billets vendus chaque année), le Britsh Museum de Londres, l’Hermitage de Saint-Pétersbourg et le Prado de Madrid.
« Il est un fait qu’il existe de grands musées (très peu dans le monde entier, guère plus de dix) qui exercent, sur les migrants du tourisme dit « culturel », un pouvoir de « séduction fatal », « unique », souligne-t-il, et « les Musées du Vatican entrent dans cette catégorie-là ».
Cette affluence annuelle, le directeur des Musées du pape, l’attribue aux noms mythiques de Raphaël et de Michel-Ange, et à non moindre échelle, à l’attrait que suscite le Siège Apostolique, à son prestige.
Mais ce phénomène, reconnaît-il, « pose des problèmes de logistique » et de « politique » guère facile à résoudre. Car « cinq millions de visiteurs par an, cela veut dire 10 millions de mains qui touchent ou peuvent toucher, dix millions de pieds qui, jour après jour, consument les pièces de marbre et de pierre polychromes, les mosaïques archéologiques, les plus réputées au monde ».
Mais les cinq millions de visiteurs, ajoute-t-il, apportent aussi avec eux « un pourcentage inconnu, mais surement significatif, de personnes psychologiquement fragiles, de mythomanes, de personnes tendanciellement dangereuses pour elles-mêmes, pour les autres, mais aussi pour les œuvres conservées dans les musées ».
Et avoir franchi ce seuil des 5 millions oblige la structure à revoir sa politique de sécurité, « sa philosophie de sauvegarde » comme dit le directeur des Musées dans son article.
Ainsi, annonce-t-il, « le service de surveillance sera un service de plus en plus qualifié, continuellement mis à jour, professionnalisé », où le recours aux meilleures technologies digitales et télématiques du moment sauront « garantir au patrimoine une protection qui soit au maximum de son efficacité ».
Par ailleurs, poursuit Antonio Paolucci, outre un affinement toujours plus grand des services d’accueil (cafeteria, restauration, points de vente de livres, cartes postales et souvenirs) pour servir aux mieux le public, les musées prévoient de consolider leur « offre didactique », un travail déjà entrepris depuis plusieurs années pour que les parcours soient accessibles à tous, même aux catégories les plus « fragiles » comme les non ou mal voyants.
La nouvelle signalisation qui accompagnera chaque parcours est en voie de finalisation, confiée à des appareils de haute qualité et faciles à comprendre qui illustrent chaque parcours, fournissant des informations historiques sur chaque collection et chaque objet d’art qui y sont conservés.
Quant au problème de l’usure, il est « inévitable », vu le nombre des visiteurs, commente encore le directeur des Musées, et il est affronté depuis deux ans par le Bureau des Conservateurs, en organisant des campagnes de dépoussiérage, révision, manutention autour des œuvres et des lieux (galeries, salles d’exposition, jardins, escaliers), où les visiteurs laissent derrière eux détritus, humidité et poussière.
« Nous sommes conscients qu’entrer dans le ‘club des 5 millions’ signifie pour les grands musées du monde affronter des problèmes autrefois inconnus, et expérimenter des solutions inédites », reconnaît le directeur des Musées.
« Mon souhait, conclut-il, est de parvenir à consolider et améliorer ultérieurement ce qui fait de nous les troisièmes grands musées du monde. La tache est ardue mais nous avons les ressources, les énergies et les talents pour réussir ».
Isabelle Cousturié