Les racines chrétiennes de l'Europe sont vivantes, constate Benoît XVI dans une lettre aux Conseils pontificaux de la culture et pour le dialogue interreligieux, en date du 3 décembre et publiée aujourd'hui par le Saint-Siège.
Benoît XVI a adressé ce message au président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le cardinal Jean-Louis Tauran, et au président du Conseil pontifical de la culture, Mgr Gianfranco Ravasi, à l'occasion de la journée d'études organisée par ces deux dicastères, jeudi dernier, 4 décembre, sur le thème : « Cultures et Religions en dialogue », et ceci dans le cadre de l'année du Dialogue interculturel promue par l'Union européenne.
« C'est justement en cette heure, parfois dramatique, que, même si hélas de nombreux Européens semblent ignorer les racines chrétiennes de l'Europe, celles-ci sont vivantes, et devraient tracer le chemin et nourrir l'espérance de millions de citoyens qui partagent les mêmes valeurs », affirme Benoît XVI.
L'Europe contemporaine, fait observer le pape, est « le fruit de deux mille ans de civilisation » et elle plonge ses racines à la fois dans l'immense patrimoine d'Athènes et de Rome, et surtout dans le « terrain fécond du christianisme » qui s'est révélé capable de « créer de nouveaux patrimoines culturels tout en recevant la contribution originale de chaque civilisation ».
Benoît XVI relève l'un de ces fruits : la naissance d'un nouvel humanisme. « Le nouvel humanisme, issu de la diffusion du message évangélique, exalte, affirme le pape, tous les éléments dignes de la personne humaine et de sa vocation transcendante, en les purifiant des scories qui obscurcissent le visage de l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu ».
Le pape voit dans ce passé et ce présent européen une responsabilité particulière de ce continent envers toute l'humanité. « L'Europe nous apparaît ainsi aujourd'hui comme un précieux tissu, dont la trame est formée par les principes et les valeurs jaillies de l'Evangile, a-t-il expliqué, alors que les cultures nationales ont su broder une immense vérité de perspectives qui manifestent les capacités religieuses, intellectuelles, techniques, scientifiques et artistiques de l'Homo europeus. Dans ce sens, nous pouvons affirmer que l'Europe a eu et a encore une influence culturelle sur l'ensemble du genre humain, et qu'elle ne peut pas manquer de se sentir particulièrement responsable non seulement de son avenir, mais aussi de celui de l'humanité tout entière ».
Le dialogue, ajoute le pape, est une tâche pour l'Eglise aujourd'hui. « L'Eglise, insiste-t-il, doit entrer en dialogue » avec ce monde « pluraliste » dans lequel elle vit, et les croyants doivent être « toujours prêts à promouvoir des initiatives de dialogue interculturel et interreligieux, afin de stimuler la collaboration sur des thèmes d'intérêt réciproque comme la dignité de la personne humaine, la recherche du bien commun, la construction de la paix, le développement ».
Or le pape précise les critères d'un dialogue « authentique » : il doit éviter de « céder au relativisme et au syncrétisme » et être animé « d'un respect sincère pour les autres et d'un généreux esprit de réconciliation et de fraternité ».
C'est pourquoi le pape encourage ceux qui se dédient « à la construction d'une Europe accueillante, solidaire, et toujours plus fidèle à ses racines ».
Il invite les croyants à « contribuer non seulement à garder jalousement l'héritage culturel et spirituel qui les caractérisent, et qui fait partie intégrante de leur histoire », mais aussi à rechercher des « voies nouvelles pour affronter de façon adéquate les grands défis qui caractérisent l'époque post-moderne ».
Il cite notamment cinq défis : « la défense de la vie de l'homme à chacune de ses phases », « la protection de tous les droits de la personne et de la famille », « la construction d'un monde juste et solidaire », le « respect de la création », et, justement, « le dialogue interculturel et interreligieux ».
Benoît XVI souligne que le « dialogue » est une « priorité » pour l'Europe, et que « la diversité doit être accueillie comme un fait positif », c'est-à-dire qu'il ne suffit pas de reconnaître « l'existence de la culture de l'autre », mais il faut aussi « désirer en recevoir un enrichissement ».
ROME, Mardi 9 décembre 2008 (ZENIT.org)