« Nous n’avons pas de nouvelles informations. Nous ne pouvons pas dire qu’ils ont été libérés », a indiqué le prêtre Ghassan Ward, du diocèse grec-orthodoxe d’Alep. « Nous n’avons eu aucun contact avec » Mgr Youhanna Ibrahim, évêque syriaque-orthodoxe d’Alep, et Mgr Boulos Yazigi, évêque grec-orthodoxe de la même ville, a-t-il poursuivi, indiquant que les efforts pour leur libération se poursuivaient. « Nous sommes très inquiets », a souligné le prêtre. Un responsable au diocèse syriaque-orthodoxe a également affirmé qu’il était sans nouvelles des deux prélats. Pour sa part, un porte-parole de l’Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion luttant contre le régime de Bachar el-Assad, a affirmé que son organisation « agissait actuellement en vue de libérer les deux évêques. » « Ce n’est pas encore le cas mais nous espérons qu’ils le seront dans les prochaines heures », a-t-il ajouté. « Ils ne sont pas entre nos mains. Nous condamnons ce (rapt) et nous considérons, en raison des personnalités prises en otage, que cela porte atteinte aux intérêts de la révolution », a affirmé Louaï Moqdad, coordinateur politique et pour les médias de l’ASL.
L’aéroport militaire de Mennegh
Parallèlement sur le terrain de la révolte, de violents combats ont éclaté pour la première fois hier à l’intérieur de l’aéroport militaire de Mennegh dans la région d’Alep, un des principaux bastions de l’armée dans le Nord syrien, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Les rebelles, qui assiègent l’aéroport depuis des mois, y sont entrés pour la première fois à l’aube », a déclaré le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, ajoutant que « des combats acharnés » se poursuivaient dans l’enceinte de l’aéroport où les rebelles « ont pris le contrôle de bâtiments ». Mardi, les rebelles avaient pris une importante position militaire à l’extérieur de l’aéroport, leur permettant de s’infiltrer dans le bâtiment. En outre, neuf membres des comités de défense (supplétifs de l’armée) qui venaient en renfort d’un village proche avaient été tués par des combattants kurdes. Par ailleurs, le minaret de la mosquée des Omeyyades d’Alep, joyau historique de cette métropole, s’est effondré hier, rebelles et régime s’accusant mutuellement de l’avoir détruit. La télévision d’État a affirmé que des combattants du Front jihadiste al-Nosra « ont fait sauter le minaret de la mosquée d’Alep puis l’ont filmé (…) pour ensuite faire endosser (les dégâts) à l’armée syrienne ». Toutefois, aucune vidéo montrant le moment de l’effondrement de la mosquée n’était disponible dans l’immédiat.
Ailleurs dans le pays, à Jaramana, banlieue de Damas habitée par des chrétiens et des druzes et considérée comme prorégime, au moins sept civils ont été tués et 30 ont été blessés, dont six grièvement, par deux obus de mortier qui se sont abattus près de la municipalité et de deux écoles, selon l’OSDH. L’agence SANA a également avancé le même bilan. Toujours selon l’OSDH, l’armée syrienne a réussi à prendre le contrôle d’une localité stratégique à l’est de Damas, Otaybé, après des semaines de combats acharnés avec les rebelles. Cette localité est un verrou pour la transmission d’armes et de munitions aux rebelles. D’autre part, un haut fonctionnaire du ministère de l’Électricité, Mohammad Abdel Wahab Hassan, a été tué par une bombe magnétique collée à sa voiture dans le centre de Damas, a affirmé l’agence SANA. Ces dernières semaines, des attentats menés avec des pistolets munis de silencieux ou des bombes magnétiques ont visé des personnalités et des hauts fonctionnaires syriens.
Damas critique Brahimi
Sur le plan diplomatique, le médiateur international Lakhdar Brahimi a suggéré au Conseil de sécurité d’imposer un embargo sur les armes à destination de tous les belligérants en Syrie lorsqu’il s’est adressé au Conseil vendredi dernier, selon un haut responsable de l’ONU. Le Conseil est profondément divisé entre les Occidentaux qui veulent faire pression sur Damas et la Russie qui protège son allié syrien, dont elle est le principal fournisseur d’armes. Des pays du Golfe comme l’Arabie saoudite et le Qatar sont accusés par Damas de fournir des armes aux opposants. De leur côté, Européens et Américains hésitent à leur fournir des armes lourdes pour lutter contre les attaques aériennes. Pour sa part, le régime syrien a annoncé hier qu’il allait cesser de coopérer avec M. Brahimi en sa qualité d’émissaire de la Ligue arabe, dont il conteste la légitimité, mais qu’il serait prêt à travailler avec le diplomate algérien uniquement en tant que médiateur de l’ONU. La Ligue arabe a décidé d’attribuer fin mars le siège de la Syrie à l’opposition, provoquant la fureur de Damas. Damas s’en est également pris au médiateur, mandaté conjointement par l’ONU et la Ligue arabe, dénonçant un manque de neutralité de la part de M. Brahimi. Enfin, la Coalition de l’opposition syrienne a de nouveau insisté hier sur un départ du président Bachar el-Assad comme préalable à tout règlement politique, au lendemain de discussions russo-américaines à Bruxelles sur la Syrie.
(Sources : agences et rédaction)
L'orient le jour