Reporters sans frontières condamne l’agression d’Imants Liepins, 27 ans, journaliste du quotidien privé Neatkariga Rita Avize (Independent Morning Newspaper), et membre fondateur de l’ONG Public Investigation Bureau.
Imants Liepins a été attaqué dans la nuit du 4 au 5 décembre 2008 dans un parc de Riga. Ses deux agresseurs étaient âgés d’une trentaine d’années et parlaient le letton. L’un d’eux l’a abordé en lui disant « Pour toi c’est la fin ». L’inconnu a fait mine de le tuer, en appuyant la lame de son couteau sur sa nuque. Les deux hommes se sont enfuis, en dérobant son ordinateur portable et sa clé USB, qui contenait une partie de ses travaux d’investigation. « Ils ne s’intéressaient absolument pas à mon portefeuille ou à mes valeurs », a indiqué Imants Liepins lors d’un entretien téléphonique avec Reporters sans frontières.
« Les menaces contre les journalistes qui enquêtent sur les activités mafieuses se multiplient et s’exportent désormais dans la plupart des pays de l’Union européenne, ou des pays candidats. En Italie, en Bulgarie, ou en Croatie, les journalistes constituent désormais une des cibles privilégiées de certains mouvements mafieux, qui ne supportent manifestement plus que la lumière soit jetée sur leurs activités clandestines », a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous attendons des autorités lettones qu’elles poursuivent leur enquête afin de déterminer les auteurs et les commanditaires de l’agression d’Imants Liepins », a ajouté l’organisation.
En septembre 2008, Imants Liepins avait reçu des menaces d’un garde du corps d’un oligarque local, qui l’avait interpellé dans la rue en lui demandant « Tu marches encore ? » Il y a trois ans, il avait également été menacé de mort par un inconnu qui avait promis de le pendre.
Imants Liepins enquête depuis deux ans sur la criminalité économique en Europe et, plus particulièrement, en Italie et dans les Balkans. Les travaux qu’il a menés avec l’ONG Public Investigation Bureau ont permis l’ouverture de plusieurs enquêtes sur d’importantes fraudes fiscales impliquant une dizaine de sociétés offshore. Le journaliste enquête également sur un trafic de déchets toxiques entre l’Europe de l’Est et l’Italie.
Mais Imants Liepins s’est surtout concentré, ces six derniers mois, sur une enquête liée au financement de la guerre au Liberia par le trafic d’armes et « des diamants du sang ». Ses recherches démontreraient l’implication d’un vaste réseau de personnalités européennes et de sociétés installées en Italie, au Liberia, en Suisse et en Bulgarie. Ce réseau aurait été développé autour d’une ancienne société lettone établie à Riga, liée au trafic d’armes, et reconvertie aujourd’hui en immobilière d’entreprise.
RSF 10.12.2008