Cinquante ans après Charles Malek, Saad Hariri a présidé hier le Conseil de sécurité à New York, d'où il a renouvelé l'engagement du Liban à lutter pour que soit respectée l'universalité des valeurs prônées par la Charte de l'ONU.
Le Premier ministre, qui s'est par ailleurs entretenu avec Ban Ki-moon sur la 1701 notamment, a lancé à l'occasion un message en faveur du dialogue des cultures, de la paix, de la stabilité et de la sécurité sur le plan international.
C'est un message d'espoir et de dialogue pour parvenir à la paix et à la stabilité dans la région qu'est venu apporter le Premier ministre libanais, Saad Hariri, lors de sa première visite au Palais de Verre en sa qualité de chef de gouvernement du Liban.
Entouré de la délégation libanaise et de Michael Williams, représentant spécial du secrétaire général pour le Liban, et en présence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, Saad Hariri a présidé et ouvert hier la séance du Conseil de sécurité de l'ONU ayant pour thème : « Dialogue entre les cultures au service de la paix et de la sécurité », dans le cadre du point intitulé « Maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Prenant à son tour la parole, Ban Ki-moon a rappelé que « c'est la première visite aux Nations unies (de Saad Hariri) en sa qualité de Premier ministre du Liban. Il a exprimé l'espoir de voir la paix et la stabilité sous son leadership ». Après les différentes interventions des membres du Conseil de sécurité, le Conseil de sécurité a tenu une réunion à huis clos pour débattre des questions ayant trait notamment à la situation au Liban et au Moyen-Orient.
Avant la réunion, le secrétaire général de l'ONU a reçu tôt le matin le Premier ministre libanais. Le porte-parole de Ban Ki-moon a indiqué dans un communiqué à la presse que les discussions « ont porté sur l'application de la résolution 1701, plus particulièrement les violations de la ligne bleue, les allégations de transfert d'armes et la situation à Ghajar ». « Les discussions ont aussi porté sur le processus de paix au Moyen-Orient et le Tribunal spécial pour le Liban. L'entretien a été suivi d'une réunion privée en tête à tête », a-t-il ajouté.
L'engagement du Liban…
Dans son intervention devant le Conseil, Saad Hariri a « renouvelé l'engagement du Liban » à l'universalité des valeurs éthiques prônées par la Charte des Nations unies, qui invite « à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit de bon voisinage et à réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion ». « Il y a un lien étroit entre l'engagement à la Charte des Nations unies et le fait d'opter pour le dialogue comme moyen pour atteindre la paix et la sécurité dans le monde », a déclaré le Premier ministre. « C'est la nécessité de démontrer les différentes dimensions de cette relation qui a conduit l'ONU et ses organismes à lancer des programmes et formuler des lignes directrices, a-t-il ajouté. De nombreux efforts ont été entrepris pour multiplier les chances de dialogue, pour bénéficier de leurs richesses et pour renforcer leur impact. » Il a noté que ces efforts entrepris par l'Assemblée générale à partir de 2001 déclarée l'« Année du dialogue entre les civilisations » se poursuivent en 2010, proclamée « Année internationale du rapprochement des cultures ».
Un document libanais
Auparavant, le représentant du Liban auprès de l'ONU, Nawwaf Salam, avait fait circuler un document de réflexion pour la séance du Conseil de sécurité, daté du 19 mai et rendu public hier matin. Dans cette étude, l'ambassadeur du Liban invite les membres du Conseil à adopter les valeurs éthiques de la Charte des Nations unies ainsi que les résolutions de l'Assemblée générale, et à se pencher sur les différents défis qui régissent le monde tels que la marginalisation, l'exclusion, les idées fausses, le manque de respect et l'ignorance de la culture, des traditions, des croyances et de l'histoire de l'autre qui représentent désormais une grave menace pour les relations pacifiques entre les peuples et les nations. Il en va de même pour les incidences politiques notamment des religions et des civilisations… qui donnent lieu à des actes de violences, ainsi que le sentiment d'injustice et le recours aux « deux poids, deux mesures », les situations d'occupations et d'oppression… qui alimentent les tensions. M. Salam a convié le Conseil de sécurité à « s'acquitter de son rôle en abordant de façon plus globale la nécessité de promouvoir le dialogue interculturel pour vaincre les préjugés et les perceptions négatives, de combattre l'ignorance et la xénophobie, et faire avancer une culture de réconciliation fondée sur les valeurs de respect, de tolérance, de diversité, d'égalité, de justice, de protection des droits de l'homme et de primauté des droits ».
Dans le cadre de cette réunion thématique, le Liban a proposé que le Conseil considère le « dialogue entre les cultures au service de la paix et de la sécurité » comme un instrument de diplomatie préventive, en particulier comme un moyen de désamorcer les tensions, d'appuyer la médiation, de combattre l'ignorance et les préjugés, et d'encourager la compréhension. Il a aussi proposé une gestion et règlement des conflits, en particulier comme un moyen de définir des intérêts communs, d'accepter les différences, de souligner les valeurs partagées et d'appuyer les efforts de réconciliation. Quant à la consolidation de la paix, le Liban a suggéré en particulier de transformer le pluralisme en une force, de renforcer l'intégration, d'encourager la tolérance et de consolider les valeurs de justice, d'égalité et de respect.
Un programme bien chargé attendait le Premier ministre libanais aux Nations unies et à New York. M. Hariri a tenu une importante réunion avec tous les membres du Conseil de sécurité. Il a par la suite rencontré des hommes d'affaires libanais. Deux réceptions ont été prévues : la première à la résidence de l'ambassadeur Nawwaf Salam, à l'occasion de l'arrivée à terme de la présidence du Liban au Conseil de sécurité ; et la deuxième au Roosevelt Hotel, coorganisée par l'ambassadeur du Liban à Washington, Antoine Chédid, et M. Salam, en présence de la communauté libanaise de New York, où il a prononcé un important discours.
L`orient le jour