«Incontestablement, les femmes peuvent influencer les événements. Témoin, l’action d’Asma Andraos qui, au lendemain de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, avait avec quelques amis lancé une pétition demandant la démission du gouvernement de l’époque. Pétition qui, au bout de trois jours,
avait totalisé des milliers de signatures et qui devait servir de déclic au rassemblement populaire, débouchant un mois plus tard sur le Mouvement du 14 Mars. »
Ainsi s’est exprimée, il y a quelques jours, Nancy Brinker, chef du protocole américain, lors d’un petit déjeuner donné à Blair House en l’honneur de 15 jeunes femmes (du monde arabe et d’Afrique du Nord) qui étaient invitées à participer à une conférence organisée par deux branches du département d’État : Cline (Center of Liberty in the Middle East) et MEPI (Middle East Partnership Initiative).
Cette conférence, qui s’est déroulée du 5 au 7 mars, était axée sur la démocratisation et les réformes dans les pays de la région dont les problèmes dans ces domaines ne sont pas les mêmes.
Le Liban avait deux représentantes, Lina Alameddine et Asma Andraos (connue pour son activisme politique) qui, elle, a évoqué « l’ingérence syrienne », précisant « que les libertés d’expression ne relevaient pas d’entraves libanaises, mais des assassinants orchestrés par l’extérieur. D’où l’importance du Tribunal international pour mettre fin à l’impunité ». « Autre difficulté, a-t-elle ajouté, établir un État lorsqu’il existe un État dans l’État ; alors que ce dernier doit avoir exclusivement la décision de la guerre et de la paix ».
Par ailleurs, cette occasion était, selon elle, « une chance inouïe de faire entendre nos voix auprès de personnes qui influent sur les décisions à Washington. Une chance aussi de mieux comprendre les problèmes des autres pays de la région et de réaliser à quel point ce qui se passe dans un pays peut avoir des répercussions sur les autres ».
Reconnaissant qu’il existe des pays où les conditions sont beaucoup plus hostiles qu’au Liban pour les femmes désireuses de s’imposer en politique, elle s’est dit impressionnée par le combat d’une Jordanienne, Falak Joumaa, qui, sans verser un sou et malgré tous les obstacles élevés contre elle, avait obtenu 3 301 votes qui lui ont permis d’entrer récemment au Parlement jordanien, de par son propre score et non pas au moyen de quotas octroyés aux six autres femmes qui y siègent. À noter qu’elle avait poursuivi sa campagne malgré le décès de son époux, survenu trois jours avant les élections.
WASHINGTON, de notre correspondante Irène MOSALLI
L'Orient le jour-12/3/2008