Dix-sept ans de généreux bénévolat pour un joyeux théâtre francophone mené tambour battant avec Nadine Mokdessi et toute l'équipe qui l'entoure avec zèle et enthousiasme, au théâtre Monnot.
Pour le cru 2010, le dévolu est jeté sur un remuant vaudeville britannique, Le vison voyageur de Ray et John Chapman (adaptation Jean-Loup Dabadie), donné dans la langue de Molière au théâtre Monnot jusqu'au 6 juin au profit d'associations caritatives.
Du rififi et des intermittences du cœur chez Steve Badler et Arnold Cross, heureux propriétaires d'un magasin de vison à Londres, dont la fenêtre centrale donne sur la mythique horloge de Big Ben… Si Arnold, vieux garçon un peu revêche, se dévoue tout en tic et méticulosité à son travail de fourreur, son associé, confortablement installé dans sa conjugalité, mais parfait chaud lapin (pardon pour les castors et les visons !), ne se prive pas de courtiser les jolis brins de femmes… Et de tomber (et de faire tomber son associé) dans tous les tracas et tous les pièges des galipettes extramatrimoniales.
Situation boulevardière de départ idéale pour un chassé-croisé compliqué et surréaliste où se confondent une brochette de personnages cocasses, coups de théâtre, répliques dingues, dialogues folichons et imbroglios insolubles. Portes qui claquent (le spectateur est royalement servi de ce côté-là, car il y en a quatre dans ce décor cossu de salon de haute couture), amants et maîtresses qu'on cache inopinément dans les placards, en tenue légère de surcroît, quiproquos hilarants, répliques aux confins de l'absurde qui font mouche dans leur résonance en creux, situations et revirements invraisemblables, voilà un charmant ballet de film muet, entre divagations du langage et gestuelle précipitée, pour rire à gorge déployée.
Défilé de jeunes femmes courtes vêtues ou en lingerie fine, maris trompés, épouses cocues, secrétaires qui en pincent pour leur jeune patron, chapelet de mensonges pour s'en sortir indemne des peccadilles des trahisons du sexe («One night stand» est pourtant le terme adéquat de la vogue du jour), mais tout ce petit monde qui s'agite, triche et batifole gentiment finira par (re)trouver sa moitié d'orange.
Mise en scène dynamique et rythmée comme un métronome de Nadine Mokdessi, qui ne laisse rien au hasard dans ses spectacles, toujours d'un esprit élégant et au fini impeccable. Jusqu'à l'art, le savoir-faire et la délicatesse de placer le public en salle.
Dans ce tourbillon échevelé, qui a pour enjeu le cœur et les plaisirs des sens, il y a pourtant quelques légers fléchissements. Notamment ce commandant de marine toujours peu sûr de son texte, de ses gestes et qui bafouille un peu. Mais c'est sans doute réparable après un petit rodage. Le tandem Alain Hochar et Joe Abi-Aad, profils antithétiques pour un comique réussi, fait étincelles comme d'habitude. Et ces dames, «visonnées», en combinaisons satinées ou tailleur Chanel, ont une présence plus que décorative, délicieusement corsée et non corsetée.
Une soirée qui renoue avec la bonne tradition d'un théâtre amusant et divertissant. Une soirée pour laisser en toute quiétude ses soucis au vestiaire…
L`orient le jour
Du rififi et des intermittences du cœur chez Steve Badler et Arnold Cross, heureux propriétaires d'un magasin de vison à Londres, dont la fenêtre centrale donne sur la mythique horloge de Big Ben… Si Arnold, vieux garçon un peu revêche, se dévoue tout en tic et méticulosité à son travail de fourreur, son associé, confortablement installé dans sa conjugalité, mais parfait chaud lapin (pardon pour les castors et les visons !), ne se prive pas de courtiser les jolis brins de femmes… Et de tomber (et de faire tomber son associé) dans tous les tracas et tous les pièges des galipettes extramatrimoniales.
Situation boulevardière de départ idéale pour un chassé-croisé compliqué et surréaliste où se confondent une brochette de personnages cocasses, coups de théâtre, répliques dingues, dialogues folichons et imbroglios insolubles. Portes qui claquent (le spectateur est royalement servi de ce côté-là, car il y en a quatre dans ce décor cossu de salon de haute couture), amants et maîtresses qu'on cache inopinément dans les placards, en tenue légère de surcroît, quiproquos hilarants, répliques aux confins de l'absurde qui font mouche dans leur résonance en creux, situations et revirements invraisemblables, voilà un charmant ballet de film muet, entre divagations du langage et gestuelle précipitée, pour rire à gorge déployée.
Défilé de jeunes femmes courtes vêtues ou en lingerie fine, maris trompés, épouses cocues, secrétaires qui en pincent pour leur jeune patron, chapelet de mensonges pour s'en sortir indemne des peccadilles des trahisons du sexe («One night stand» est pourtant le terme adéquat de la vogue du jour), mais tout ce petit monde qui s'agite, triche et batifole gentiment finira par (re)trouver sa moitié d'orange.
Mise en scène dynamique et rythmée comme un métronome de Nadine Mokdessi, qui ne laisse rien au hasard dans ses spectacles, toujours d'un esprit élégant et au fini impeccable. Jusqu'à l'art, le savoir-faire et la délicatesse de placer le public en salle.
Dans ce tourbillon échevelé, qui a pour enjeu le cœur et les plaisirs des sens, il y a pourtant quelques légers fléchissements. Notamment ce commandant de marine toujours peu sûr de son texte, de ses gestes et qui bafouille un peu. Mais c'est sans doute réparable après un petit rodage. Le tandem Alain Hochar et Joe Abi-Aad, profils antithétiques pour un comique réussi, fait étincelles comme d'habitude. Et ces dames, «visonnées», en combinaisons satinées ou tailleur Chanel, ont une présence plus que décorative, délicieusement corsée et non corsetée.
Une soirée qui renoue avec la bonne tradition d'un théâtre amusant et divertissant. Une soirée pour laisser en toute quiétude ses soucis au vestiaire…
L`orient le jour