C'est à la librairie Papercup que l'éditeur lausannois Laurent Schlittler a désigné Diala Gemayel et Béatrice Khater lauréates ex aequo de son concours littéraire, lancé il y a quelques mois dans le cadre de Beyrouth, capitale mondiale du livre.
Journaliste, Diala Gemayel est bien connue des lecteurs de L'Orient-Le Jour, pour sa collaboration durant quelques années à la page culturelle où elle avait notamment signé des Carnets de nuits, à l'écriture très personnelle, à mi-chemin entre le billet d'humeur et le journal de bord d'une noctambule beyrouthine. Ces deux dernières années, elle s'est attelée à l'écriture de petites nouvelles, dont l'une a été sélectionnée récemment sur le site en ligne des éditions du zaporogue*.
Béatrice Khater, elle, est médecin de famille, « écrivain » à ses heures perdues et lauréate, en 2007, du concours de nouvelles du Forum des femmes de la Méditerranée. Primées ex aequo pour « la qualité de leurs écritures personnelles et leurs voix ancrées dans le présent », comme l'affirme l'éditeur suisse qui dit avoir « entendu des personnes derrière les mots », leurs textes seront publiés « début 2011 », promet-il, aux éditions Navarino.
Si les deux jeunes femmes ont en commun « un style assez direct et sans fioritures», chacune d'elles a son propre univers et les mots pour le dire.
Privilégiant un ton franc, parfois incisif et en même temps retenu, Diala Gemayel a composé un recueil de poèmes et de petits textes (qui devrait normalement s'intituler Pour L) qui parlent « d'amour, d'impressions, de sensations de la vie à Beyrouth ». « J'y donne, dit-elle dans une jolie formule, le temps qu'il fait chez moi .»
Si d'avoir été primée à ce concours lui a permis de constater, « avec bonheur », que son écriture « évolue vers quelque chose qui (lui) ressemble de plus en plus », Diala espère que cette reconnaissance lui ouvrira les portes de l'une des prestigieuses résidences d'écrivain dont elle rêve. Et qui mettent toutes comme condition première à leur accueil d'un auteur une préalable publication.
Béatrice Khater, elle, écrit des histoires courtes, concises, avec des mots simples qui vont droit au but. « Cela provient sans doute de ma formation scientifique », soutient la seconde lauréate qui, malgré son précédent prix, se sent toujours un peu comme « une intruse dans le monde littéraire », dit-elle, avec modestie.
Une jeune femme qui ressent, pourtant, la nécessité de coucher sur le papier « des histoires entendues ici et là, qui me touchent, me choquent et que j'ai envie de partager ». Dans son recueil de nouvelles, elle a réuni plusieurs récits écrits au fil de ces deux dernières années. Le plus souvent inspirés de la réalité et du quotidien, de ses compatriotes, femmes surtout. Féministe Béatrice Khater ? Solidaire plutôt, cette plume qui ausculte et sonde le cœur des femmes.