Le lieu : Kfar Sama. Le temps : le soir. L'action : non une pièce de théâtre, mais une rencontre annuelle, empreinte de poésie, de charme et d'amour qu'a offert le comédien français Jean Piat à un public venu nombreux l'applaudir.
Il s'agissait cette année de présenter la pièce de théâtre La Maison du lac, adaptée et interprétée par Jean Piat en compagnie de Maria Pacôme. Une conférence de presse ouverte au public avait précédé la projection sur grand écran, et l'acteur s'est soumis à cet exercice dans une atmosphère chaleureuse et conviviale. Auparavant, le président de la municipalité de Mechmech, Antoine Kiami, a souhaité la bienvenue à l'acteur, laissant par la suite Charbel Khoury (membre de la municipalité) prononcer une allocution.
Citant Charles Hélou, ce dernier s'adressera à Piat tout en le comparant au « ferment d'avenir » et à l'audience en ces mots : « La francophonie n'est pas un impérialisme politique ni linguistique, mais une culture ouverte à toutes les cultures et en particulier, pour nous libanais, un dialogue de cultures arabe et française, depuis des siècles. » Et d'ajouter encore : « Mechmech, dérivé du syriaque signifiant terre des diacres, des prêtres, ne désire jamais changer sa vocation, ni son orientation. Monseigneur Labaki en a fait foi. Dans la lignée de nos prêtres héroïques qui ont tissé la trame culturelle et spirituelle de notre village, il contribue à poser sa pierre fondamentale à Kfar Sama dans ce vaste édifice qu'est l'esprit humain. »
Des liens inaltérables
Ce à quoi répondra l'acteur avec beaucoup d'humour, de tendresse et d'émotion : « Je suis venu très souvent dans ce pays, terre d'un grand nombre de saints. Vous d'ailleurs, qui venez de loin par ce temps un peu frais, n'êtes-vous pas des saints à votre manière ? » « Chaque fois que je me rends au Liban, je retiens une leçon de ce pays qui a été bousculé dans sa dignité, a-t-il poursuivi. Ce théâtre est une espérance renouvelée. D'ailleurs, j'ai fait un rêve (pas à la même échelle de Kennedy, dit-il en riant), mais un rêve quand même : d'amener un jour la Comédie française dans ce beau pays qu'est le vôtre. J'aurai ainsi marqué un point dans ma mission d'homme de théâtre. »
Avant de s'installer tout comme le public pour assister à la pièce, Jean Piat a réitéré son aveu d'amour pour le théâtre.
Cette soirée particulière avait double objectif. Elle faisait ainsi l'objet d'un film, intitulé Jean Piat, une aventure libanaise.
La réalisatrice Valérie Vincent, présente ce soir-là, s'est expliquée sur son projet. « Je suis arrivée au Liban en 2003, dit-elle, pour réaliser un documentaire sur ce pays, Les cendres du Phoenix, portant le point de vue d'un prêtre maronite ainsi que des témoignages non sur la guerre, mais sur des thèmes très différents. À ma grande surprise, je décidai de rester dans ce pays qui m'a charmée et envoûtée. »
De retour à Paris, Valérie Vincent prend la décision de revenir s'installer au pays du Cèdre. « Comme j'ai gardé des contacts avec la France, une société de production me charge quelques années plus tard de faire le portrait d'un grand comédien français. J'entrai en contact avec Mgr Labaky que je connaissais déjà, qui s'est empressé de contacter Jean Piat. » Ce dernier, pourtant, ne voulait pas se limiter à un simple documentaire relatant sa carrière, mais sur sa relation privilégiée avec le Liban. Il fallait donc que la cinéaste refasse l'écriture de ce scénario, très rapidement, qu'elle intitula Jean Piat, une aventure libanaise, « comme un clin d'œil à ma propre aventure avec le Liban », souligne-t-elle en riant.
Ce tournage (coproduction libano-française) a commencé donc il y a quelques jours, lors de l'arrivée de Jean Piat au Liban. Le film suit les pas de l'acteur vers Kfar Sama, ses multiples rencontres avec Myrna Bustani et remonte le fil du temps jusqu'à son premier passage au Liban, à Baalbeck. Il évoquera également son amitié avec Mgr Labaky et son investissement dans les associations libanaises, un tournant important dans sa vie de comédien.
Une aventure donc qu'a entrepris de conter Valérie Vincent et qu'on aura l'occasion de voir, très probablement, en salle au Liban vers le mois de décembre.
L'orient le jour