C’est dans un climat de tension et de tiraillements politiques que les communautés catholiques du Liban ont célébré dimanche la Résurrection du Christ et les prières ont été levées pour l’unité et le salut du pays.
À Bkerké, le cardinal Nasrallah Sfeir a présidé la messe pascale dans la cour extérieure du siège patriarcal en présence d’un parterre de personnalités politiques et de nombreux fidèles venus recevoir la bénédiction. « La fête ne prête pas à la joie ni à l’allégresse, si on l’examine d’une façon ordinaire et humaine », a déclaré Mgr Sfeir, notant que les causes qui poussent à l’inquiétude sont désormais connues de tous : divisions, clivages, différences dans les points de vue et bassesse du discours politique. « Tout cela ne tranquillise pas, a ajouté le patriarche. L’essence de la fête n’est toutefois pas dans les apparences humaines, mais dans le rapprochement de Dieu et dans le fait d’œuvrer selon Sa volonté. » Et le patriarche de prier le Seigneur pour la paix au Liban et dans la région.
L’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré la messe pascale en la cathédrale Saint-Georges des maronites à Beyrouth. Dans son homélie, il a appelé à la « réconciliation » et à l’« unité » pour sauver le Liban de « l’effritement » et du « chaos », comme à l’élection d’un président de la République dans les plus brefs délais.
Le catholicos des arméniens-orthodoxes Aram Ier a célébré la messe de Pâques en la cathédrale Saint-Grégoire l’Illuminateur, à Antélias, devant une foule de fidèles. Insistant dans son homélie sur le sens de la fête, le catholicos a souligné que la Résurrection du Christ est « la victoire de la vie sur la mort ». Évoquant la situation politique du pays, il a remarqué que le climat de « non-confiance » qui règne mène le pays à une « autodestruction ». « Nous constatons hélas que la culture de la mort et de la peur pèse sur notre vie quotidienne, a souligné le catholicos. Nous refusons ce genre de culture (…). Le Liban restera le pays de la coexistence islamo-chrétienne. Nous renforcerons cette coexistence pacifique en nous attachant à nos valeurs communes et en les respectant. »
Au Liban-Sud, l’archevêque grec-catholique de Tyr, Mgr Georges Bakhouni, s’est longtemps attardé sur le sens de la Résurrection. Il a appelé à un « retour à Dieu » et à la « rédemption », soulignant la nécessité de s’éloigner du « fanatisme chrétien et islamique, puisque le Liban est un pays pour tout le peuple ».
De son côté, l’archevêque maronite de Tyr, Mgr Chucrallah Nabil el-Hajj, a remarqué que la « division » dont nous témoignons « est un prélude à la mort du pays ». Il a prôné une vraie « réconciliation nationale » et invité au dialogue pour sortir de la crise actuelle.
Également à Tyr, Mgr Youssef Haddad a appelé à son tour au dialogue. L’évêque, qui a célébré la messe pascale en l’église Saint-Thomas des grecs-catholiques, a affirmé que le Liban « sortira de la crise », parce que les différentes communautés « sont attachées » au pays.
À Marjeyoun, l’évêque grec-catholique Georges Haddad a présidé la cérémonie de la « hajmé » et la messe pascale en la cathédrale Saint-Pierre. Il a élevé les prières pour que « les parties en conflit renoncent à leurs droits personnels et accordent une priorité à l’intérêt général », mettant en garde contre les « tiraillements » actuels qui conduiront à la « destruction » et au « chaos ».
Au Liban-Nord, enfin, l’évêque maronite de Tripoli, Mgr Georges Abou Jaoudé, a présidé l’office divin en la cathédrale Saint-Michel à Zahrieh. Une messe a également été célébrée par le vicaire épiscopal maronite de Tripoli, Mgr Youssef Soueif, en l’église Saint-Maron. Les homélies ont insisté sur le sens de la Résurrection.
L'Orient le jout- 25/3/2008