Le ras-le-bol exprimé mercredi par le ministre de la Défense, Élias Murr, à la suite d'un article mensonger publié en début de semaine par un chroniqueur du quotidien al-Akhbar et les retombées de cet article ont été au centre d'une réunion qu'une délégation
À l'issue de la réunion de la délégation de l'ordre des journalistes avec M. Murr, le président de l'ordre par intérim, Saïd Nasreddine, a donné lecture d'un communiqué indiquant que le ministre Murr avait exposé à la délégation les tenants et les aboutissants de l'affaire du journaliste d'al-Akhbar, Hassan Allik, et les circonstances de sa convocation au ministère de la Défense. « Le ministre Murr, souligne le communiqué, a affirmé son attachement à la liberté de la presse et à la dignité des journalistes, d'autant qu'il est membre de l'ordre des journalistes et de l'ordre de la presse, et qu'il avait édité par le passé le quotidien al-Joumhouriya, qu'il s'apprête d'ailleurs à faire paraître à nouveau. » « De ce fait, le ministre Murr a souligné qu'il est inconcevable qu'il puisse tenter de porter préjudice à un membre de la profession, de même qu'il considère que la richesse du Liban réside dans la pluralité de la presse et des médias, ainsi que dans la diversité des communautés et des courants de pensée, et dans ce cadre il continuera à œuvrer pour renforcer cette pluralité et préserver la liberté, quels que soient les sacrifices », ajoute le communiqué.
Le ministre Murr a indiqué en outre qu'il avait agi dans cette affaire en faisant preuve de souplesse, d'autant que cette question aurait dû suivre « les voies légales par le biais du juge d'instruction et du tribunal militaire, avant de parvenir au tribunal des imprimés ». M. Murr a, d'autre part, précisé que le journaliste d'al-Akhbar n'a pas été appréhendé, mais qu'il avait été prié par un officier proche de lui de le rencontrer à son bureau afin de s'assurer de la véracité de ses informations. « Cette affaire n'a pas été plus loin, à la demande du ministre Murr, après qu'il se soit avéré que les informations (rapportées par le journaliste) étaient fausses », ajoute le communiqué qui indique qu' « après avoir écouté le ministre Murr, l'ordre des journalistes exprime son appréciation pour la position et la franchise du ministre ». Et le communiqué de conclure : « L'ordre des journalistes rappelle aux confrères journalistes qu'il est soucieux de leur dignité et de leur droit à exercer librement leur profession dans le cadre de la rigueur et de l'éthique professionnelle. Il est également soucieux de la dignité du ministre Murr, du commandant de l'armée et de l'institution militaire. »
L'association Journalistes contre la violence
Pour en revenir à l'association Journalistes contre la violence, elle a condamné, dans un communiqué, le fait que la convocation du journaliste d'al-Akhbar, Hassan Allik, n'ait pas respecté « les procédures légales qui doivent être suivies dans de pareils cas, ce qui ravive dans notre mémoire les mêmes procédés qui étaient appliqués du temps de la tutelle syrienne ». « L'association condamne dans le même temps ce qu'a rapporté le journaliste dans son article, concernant la position du ministre de la Défense qui aurait demandé au commandant de l'armée de surseoir à l'arrestation de l'officier en retraite Ghassan el-Jedd (l'officier accusé de collaboration avec Israël), souligne le communiqué de Journalistes contre la violence. La teneur de cet article constitue une accusation directe à l'adresse du ministre de la Défense, accusé d'avoir couvert la fuite de Ghassan el-Jedd. Il s'agit là d'insinuations extrêmement graves qui entraînent des accusations de traîtrise dirigées contre le ministre Murr et qui peuvent refléter des menaces de mort. »
Et d'ajouter : « L'association Journalistes contre la violence estime qu'il est inadmissible de porter atteinte à la réputation des personnes, notamment pour ce qui a trait à des sujets aussi sensibles que la traîtrise. L'association refuse que les journalistes se livrent à la diffusion de rumeurs tendancieuses ou à de la désinformation dans le but de porter préjudice à des personnes précises pour des raisons politiques ou afin de soumettre les personnes en question. »
Après avoir exhorté les autorités concernées, notamment judiciaires, à respecter les procédures légales dans toute démarche visant à s'opposer aux tentatives de porter atteinte à la sécurité, l'association Journalistes contre la violence a dénoncé la persistance du « dualisme qui se manifeste depuis 1969 entre la logique de l'État et celle de la révolution, ce qui fait du Liban un terrain de manœuvres » et de règlements de comptes entre forces régionales.
L'orient le jour