Mais de quoi s’agit-il ? Il s’agit des paroles de la consécration prononcées pendant la messe, par le prêtre, sur le vin, au Nom du Christ (à la première personne) : cette prière consécratoire parle du sang versé par le Christ « pour la multitude », selon la traduction liturgique en français. Or, l’allemand dit « für alle », c'est-à-dire « pour tous », mais pour être fidèle au latin « pro multis » – proche de l'Evangile – il faudrait traduire par « für viele », « pour beaucoup ».
Pour le directeur du CTV, la demande de Benoît XVI constitue « une leçon d’amour et de respect vécu pour la Parole de Dieu, de réflexion théologique et spirituelle essentielle et de très haut niveau, pour vivre plus profondément l’Eucharistie ».
Il explique le contexte de cette intervention personnelle du pape : c’est après Pâques, alors qu’il prenait quelques jours de repos à Castelgandolfo, près de Rome, et en vue de la parution prochaine d’une nouvelle traduction en allemand des livres liturgiques catholiques, que Benoît XVI a décidé d’écrire personnellement aux évêques germanophones.
Sur un ton « fraternel mais ferme », précise-t-il, le pape demande aux évêques une traduction plus fidèle des paroles prononcées par le Christ lors de l’institution de l’Eucharistie.
Le P. Lombardi explique que la traduction de la formule latine « pro multis » par « pour beaucoup » au lieu de « pour tous » est plus fidèle au texte de l’Evangile.
Il précise que cette clarification linguistique du pape ne s’adresse pas uniquement « à quelques spécialistes raffinés » mais qu’elle « permet de comprendre ce qui est important pour le pape et dans quel état d’esprit il affronte ses priorités ».
Pour Benoît XVI, explique le P. Lombardi, les paroles de l’institution de l’Eucharistie sont « absolument fondamentales » : elles sont « au cœur de la vie de l’Eglise ». Or, continue-t-il, par la formule « pour beaucoup », « Jésus s’identifie au Serviteur du Seigneur, annoncé par le prophète Isaïe ».
« Et en répétant ces paroles, ajoute-t-il, nous exprimons mieux une double fidélité » : « notre fidélité à la parole de Jésus, et la fidélité de Jésus à l’Ecriture. »
« Il ne fait aucun doute que Jésus est mort pour le salut de tous », poursuit le P. Lombardi, mais « il faut expliquer aux fidèles la signification profonde des paroles de l’institution de l’Eucharistie » : « le Seigneur se donne « pour vous et pour beaucoup » », c’est pourquoi « nous nous sentons directement concernés et, dans notre gratitude, devenons responsables du salut promis à tous. »
Le Pape, conclut le P. Lombardi, avait « déjà abordé cette question dans son livre sur Jésus » de Nazareth, et il « donne un exemple de catéchèse, profond et passionnant, sur une des formules les plus importantes de la foi chrétienne ».
Zenit a récemment publié un entretien avec le P. Denis Biju-Duval sur cette question la « responsabilité » pour le « salut promis à tous » à propos de son livre « Faut-il encore se soucier du salut des âmes? L'urgence de l'évangélisation » (éd. de l’Emmanuel) (cf. Zenit du 27 avril 2012).
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