Le pape, indique la Préfecture de la Maison pontificale, a accueilli l'invitation de l'Association nationale des familles italiennes des martyrs tombés pour la liberté de la patrie (A.N.F.I.M.), en cette année où l'Italie célèbre les 150 ans de son unité.
« Je suis très heureuse de la venue du Saint-Père », a confié au micro de Radio Vatican Mme Rosina Stame, présidente de l'ANFIM.
Elle précise qu'elle est également « très heureuse » de la « valeur » que représente sa « nationalité allemande », même, dit-elle si la « nationalité du Saint-Père est universelle ».
« Nous avons, précise-t-elle, déjà reçu la visite de deux papes. Mais ce n'est pas un rituel. C'est vraiment un désir, une nécessité, pour les familles de l'association. Nous ne pouvons pas nous permettre le découragement, parce que nous devons passer le témoin, le mieux possible. Et aussi parce que les Fosses Ardéatines ont traversé les temps, et renferment toutes les diversités qui s'y retrouvent mêlées, et même, ont constitué un dénominateur commun, du point de vue civil, social, militaire et religieux ».
La première visite-pèlerinage d'un pape fut celle de Paul VI le 12 septembre 1965, la deuxième celle de Jean-Paul II, le 21 mars 1982, pou le 38e anniversaire du massacre.
Ce sera cette année le 67e anniversaire de l'exécution de 335 civils italiens et non-italiens – tous des hommes – par les troupes d'occupation nazies à Rome le 24 mars 1944, sur la via Ardeatina, en représailles à un attentat du 23 mars, via Rasella, qui tua 33 soldats du bataillon SS "Polizeiregiment Bozen".
Le massacre a été organisé et exécuté par Herbert Kappler, commandant de la police militaire allemande à Rome, son adjoint le capitaine Erich Priebke et le commandant Karl Hass, tous trois jugés et reconnus coupables.
La liste des otages avait été établie avec le chef de la police romaine. Quatre étaient des condamnés à mort détenus à la prison romaine de Regina Coeli, auxquels l'occupant a ajouté plus de 200 détenus et des dizaines de juifs de Rome, arrêtés lors d'une rafle dans le ghetto, dont un adolescent de 15 ans.
Le lendemain, selon la méthode de la Shoah par balle, chaque otage a été exécuté d'une balle dans la tête : chaque soldat devait abattre plus de dix otages.
L'un deux, Amon, a témoigné, lors d'une audience, le 12 juin 1948, qu'il n'eut pas la force de tirer : « J'aurais dû tirer, mais quand on a élevé le flambeau et que j'ai vu les morts, je me suis évanoui (…). Je suis resté horrifié par ce spectacle ; un de mes compagnons tira pour moi ».
Selon l'ANFIM, les victimes du massacre étaient :
154 hommes « à la disposition » de l'Aussen-Kommando sous enquête
23 hommes en attente de jugement, « à la disposition » du Feldgericht (Tribunal militaire allemand)
3 hommes condamnés à mort par le Feldgerich en attente de l'exécution
16 hommes condamnés par le Feldricht à la prison (peine entre 1 et 15 ans)
75 hommes d'origine juive
40 hommes « à la disposition » de la Questure, arrêtés pour des raisons politiques
10 hommes « à la disposition » de la Questure, arrêtés pour des raisons de sécurité publique
10 hommes arrêtés près de la Via Rasella
1 homme absout par le Feldgericht
3 hommes non identifiés
Mais en tout 12 corps n'avaient pas été idientifiés. Deux victimes viennent de l'être grâce à leur ADN et aux travaux scientifiques des Carabiniers : un jeune résistant juif, Marco Moscati, et Salvatore La Rosa, sicilien d'origine.
Anita S. Bourdin
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