Quelques jours après la célébration du cinquantenaire de l'indépendance malgache, et alors que de nombreuses ex-colonies africaines seront présentes à Paris pour les célébrations du 14 juillet, à l'exception de Madagascar,
Intitulé "Suspensions, saccages et désinformation : les médias au cœur de la crise", le rapport détaille les attaques subies par les médias et les journalistes depuis décembre 2008 (suspensions, saccages, agressions, détentions), il analyse la nature du paysage médiatique de la grande île (polarisation, pressions et autocensure), et dénonce la façon dont les médias peuvent parfois être sources de propagande et de désinformation.
Reporters sans frontières, qui rappelle que les nombreux événements touchant les médias ont valu à Madagascar, en 2009, un recul de 40 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par l'organisation, cherche également les voies qui pourraient permettre aux autorités de transition de créer un environnement plus sain et favorable pour les journalistes.
Au cours de sa mission menée à Madagascar, du 15 au 20 mars 2010, l'organisation a fait le tour de la majeure partie des rédactions à Antananarivo et à Antsirabe (170 km au sud de la capitale). Reporters sans frontières a rencontré la ministre de la Communication de l'époque, Nathalie Rabe, le conseiller spécial du président de la Haute Autorité de transition pour la politique et la communication, Rolly Mercia, le coordinateur du processus de réactualisation du Code de la communication, Tsilavina Ralaindimby, et le Collectif des journalistes de Madagascar. La mission s'est également entretenue avec des membres du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et plusieurs représentants de la communauté diplomatique basés à Antananarivo.
En conclusion de son enquête, Reporters sans frontières recommande notamment aux autorités malgaches d'adopter un nouveau Code de la communication pendant la transition, de soutenir le principe d'une régulation indépendante des médias, et de garantir la protection des journalistes, tant contre les attaques que contre les peines de prison. L'organisation demande également à Joachim Chissano, médiateur de la crise, d'exiger de chaque mouvance des engagements fermes en termes de respect de la liberté de la presse, à la France de consacrer davantage sa coopération au secteur des médias, et aux journalistes malgaches de respecter l'éthique et la déontologie de la profession, en s'affranchissant de la propagande, des prises de position partisanes et des appels à la violence.
Ifex