Reporters sans frontières dénonce le blocage du site Internet d’informations Malaysia Today en Malaisie. Le 26 août 2008, la Commission malaise des communications et du multimédia (SKMM) a ordonné au plus grand fournisseur d’accès à Internet (FAI) du pays, TMNet, de bloquer l’URL http://www.malaysia-today.net, faisant également parvenir la même requête aux vingt autres fournisseurs d’accès du pays.
“Les médias malais sont très contrôlés par le gouvernement et les sites Internet sont de rares espaces de liberté d’expression. Nous rappelons à la Commission que les règles démocratiques veulent que seul un tribunal soit en mesure de censurer un site Internet. Or cette initiative ne fait suite à aucune plainte déposée devant la Justice. La mesure est non seulement contestable par principe mais également disproportionnée car elle a été prise en raison de commentaires publiés sur le site au regard des articles. Nous demandons le déblocage immédiat de Malaysia Today“, a déclaré Reporters sans frontières.
La notification de blocage a été adressé au site en vertu de la section 263 du Communications and Multimedia Act, selon laquelle un FAI doit obéir à la requête écrite de la Commission “dans l’intérêt national“. Cependant, la section 3 de la même loi stipule : “Rien dans cette loi ne doit permettre la censure sur Internet.“
Le gouvernement s’est également engagé à “assurer qu’il n’y ait pas de censure sur Internet“ en vertu de la Charte du “Multimedia Super Corridor“ (MSC), un consortium d’entreprises créé à l’initiative de l’industrie des communications afin de promouvoir les nouvelles technologies dans le pays. Cette charte a été validée par le gouvernement en 1996.
En juillet 2007, le ministre délégué à la Justice, Nazri Abdul Aziz, avait déclaré que le gouvernement n’hésiterait pas à avoir recours à la loi sur la Sécurité intérieure (Internal Security Act, ISA) pour punir les cyberactivistes. L’ISA permet l’emprisonnement d’un individu pendant deux ans, sans procès, pour des motifs tels que l’"atteinte à la sécurité de l’Etat."
Le fondateur du site Malaysia Today, Raja Petra Kamarudin, a cependant créé un site “mirroir“, accessible dans le pays à l’adresse suivante : http://mt.harapanmalaysia.com. Surnommé “RPK“, Raja Petra Kamarudin, 58 ans, est le premier journaliste en ligne du pays a être accusé de sédition en raison de la publication d’un article qui met en cause des officiels dans une affaire de meutre. Il avait été arrêté le 6 mai en vertu du Sedition Act, adopté en 1948, qui sanctionne “toute incitation à la haine, au doute ou au mépris de tout dirigeant ou membre du gouvernement“. Libéré trois jours plus tard sous caution, il doit être entendu le 10 septembre et risque jusqu’à trois ans de prison.
La Malaisie figure à la 124e place du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
RSF 28.08.2008