Reporters sans frontières condamne fermement cette décision. Rien ne saurait justifier une telle sanction contre un média étranger, en violation des règles de la procédure légale. Nous demandons l’arrêt de l’action engagée contre Al Jazeera. L’organisation rappelle que la liberté d’expression est garantie par la Constitution du Royaume.
Cette décision intervient quelques jours après les tracas policiers infligés à sept journalistes espagnoles au Sahara occidental. Envoyés à Laayoune pour une enquête sur la mort d’un jeune homme, ils se sont vus interdire d’embarquer dans un avion de la Royal Air Maroc (RAM) le 25 octobre 2010. Une fois arrivés sur place, les autorités les ont empêchés d’effectuer librement leur travail.
Accusée de manquer à la déontologie journalistique, et d’ « altérer sérieusement l’image du Maroc et de porter manifestement préjudice à ses intérêts supérieurs, à leur tête la question de l’intégrité territoriale », Al Jazeera s’est vu notifiée ce jour la fermeture sine die de ses locaux. La décision est purement discrétionnaire. Aucune procédure n’a été engagée contre la chaine au préalable.
« Le bureau de la chaîne d’Al Jazeera au Maroc a toujours respecté ses engagements. Conformément au slogan de notre chaine, nous avons présenté l’avis des uns et des autres. Comment donner une vision objective de l’actualité sans inclure l’avis des autres parties ? Nous n’avons fait que notre travail de journalistes, » a déclaré à Reporters sans frontières le directeur du bureau d’Al Jazeera à Rabat, Abdelqader Kharroubi.
Le royaume vient de perdre 8 places au classement mondial de Reporters sans frontières pour la liberté de la presse pour l’année 2010, se plaçant à la 135ème place sur 178 (http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html).