Reporters sans frontières demande aux autorités marocaines de revenir sur leur décision de suspendre la diffusion depuis Rabat du bulletin quotidien d’informations sur les pays du Maghreb, de la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira.
“L’attitude des autorités marocaines est incompréhensible. Al-Jazira diffuse son programme spécial sur le Maghreb depuis un an et demi sans aucune difficulté. La soudaineté de cette mesure et l’absence d’explications valables laissent penser qu’il s’agit là d’une décision politique”, a déclaré l’organisation.
Le 6 mai 2008, le bureau d’Al-Jazira a reçu un fax de l’Agence nationale de régulation des télécoms (ANRT) résiliant l’autorisation d’utilisation de la fréquence de la chaîne. Les autorités marocaines ont décidé d’interdire la diffusion depuis Rabat du journal d’information sur l’actualité des pays du Maghreb, prétextant des “problèmes techniques et juridiques”.
Al-Jazira a commencé la diffusion de son journal sur le Maghreb le 17 novembre 2006. La chaîne, qui possédait déjà un bureau à Rabat, avait dû se conformer aux régulations marocaines. “Nous avons déposé un dossier complet auprès de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA, publique) en présentant, entre autres, notre registre de commerce, notre patente, le cahier des charges ainsi que la charte de la chaîne. Mais le dossier a été gelé et nous avons commencé à travailler avec des autorisations provisoires renouvelables tous les trois mois. L’ensemble de notre matériel avait été approuvé par l’ANRT”, a déclaré à Reporters sans frontières Hassan Rachidi, responsable du bureau d’Al-Jazira à Rabat. L’autorisation dont dispose actuellement la chaîne est valable jusqu’au 13 juin 2008.
“Nous avons créé un créneau d’informations qui n’existait pas auparavant. Grâce à ce bulletin quotidien, les populations du Maghreb ont commencé à s’intéresser à ce qui se passe chez leurs voisins”, a ajouté Hassan Rachidi.
Al-Jazira diffuse de nombreux reportages sur le Maroc, s’intéressant notamment au dossier du Sahara occidental. Le 3 mai dernier, la chaîne avait évoqué les relations particulières qu’entretenait l’ancien roi Hassan II avec le Mossad. Rien ne permet aujourd’hui d’affirmer que cette décision est liée à la diffusion des programmes de la chaîne. Al-Jazira subit de nombreuses pressions, aussi bien au Maghreb qu’au Moyen-Orient, allant de simples tracasseries administratives à l’emprisonnement de plusieurs de ses correspondants. Au Maroc, la chaîne a pu ouvrir un bureau régional et couvrir de manière extensive les élections législatives de septembre 2007.
RSF- 07.05.2008