Reporters sans frontières exprime son horreur après l’assassinat par balles, le 13 février 2009 à Iguala (État de Guerrero, Sud) de Jean Paul Ibarra, photographe du quotidien local El Correo.
La victime était accompagnée de Yenny Yuliana Marchán, rédactrice du quotidien régional El Diario 21, blessée dans l’attentat. Les deux journalistes travaillaient pour la rubrique des faits-divers de leur média.
“Nous adressons tout notre soutien aux proches et aux collègues de Jean Paul Ibarra, et demandons que Yenny Yuliana Marchán bénéficie d’une protection adaptée, à sa sortie de l’hôpital. Le parquet spécial fédéral chargé de lutter contre les attaques envers la presse, mis en place le 15 février 2006, doit se doter de moyens renforcés, pourquoi pas en faisant appel à l’aide d’enquêteurs experts au niveau inter-américain. L’hécatombe dans les rangs de la presse mexicaine continuera aussi longtemps que l’impunité demeurera dans toutes les affaires où des journalistes ont été assassiné”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 13 février, aux alentours de 22 heures, Jean Paul Ibarra, 33 ans et Yenny Yuliana Marchán, 22 ans, dépêchés par leurs rédactions respectives, se dirigeaient, à bord de la moto personnelle du photographe, vers le service médico-légal de la municipalité de Iguala, à la suite d’un accident de la route survenu un peu plus tôt dans l’après midi entre Iguala et Chilpancingo, la capitale de l’État. D’une autre moto arrivée à leur hauteur, un inconnu armé d’un pistolet calibre 45 a ouvert le feu à cinq reprises dans leur direction. Yenny Yuliana Marchán a été touchée aux jambes.
Atteint de deux balles à la poitrine et à l’épaule, Jean Paul Ibarra a perdu le contrôle de sa moto et a été achevé d’une balle dans la tête alors qu’il gisait au sol. Le mobile de cet attentat reste à déterminer. La direction de Diario 21 a fait savoir qu’au lendemain du drame, des enquêteurs étaient venus recueillir des informations concernant Yenny Yuliana Marchán, hospitalisée dans un état jugé sérieux.
Cette attaque est à l’image du climat d’extrême violence, pour ne pas dire de guerre, qui règne dans certaines régions du pays, en particulier depuis la vaste offensive contre le narcotrafic lancée par l’administration du Président Felipe Calderón en 2006. Traditionnellement circonscrite à la frontière avec les États-Unis et à la région du Golfe du Mexique, cette violence, qui n’est pas seulement liée au narcotrafic, a connu une nette aggravation dans des États plus centraux, comme le Michoacán, le Guerrero ou Oaxaca.
L’assassinat de Jean Paul Ibarra porte à 46 le nombre de journalistes assassinés au Mexique depuis 2000, pour des raisons professionnelles ou inconnues, en plus de huit disparus depuis 2003, selon le décompte effectué par la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). La violence touche également des correspondants de grands médias comme Amado Ramírez, collaborateur de la chaîne nationale privée Televisa, abattu le 6 avril 2007 à Acapulco, dans le Guerrero. L’impunité, partielle ou totale, règne dans toutes ces affaires.
RSF 16.02.2009