Dans l’homélie qu’il a prononcée pour l’occasion, Mgr Raï a mis l’accent sur l’instauration de la paix qui se fait, selon lui, par plusieurs moyens : « Développer l’homme et la société, améliorer la distribution des richesses nationales, consolider la vie économique et sociale, combattre la pauvreté et la corruption, soutenir les activités productives et touristiques, réformer le système fiscal. »
Après avoir jugé que la paix est aussi « le fruit de la justice », le chef de l’Église maronite a fait remarquer que « personne ne peut arrêter le cours de la justice, le court-circuiter par la force des menaces ou de l’intimidation ou encore le dévier à des fins personnelles ou sectaires, quelle que soit sa responsabilité ou son influence ». Il s’est ensuite prononcé en faveur d’une autonomie de la justice et a plaidé pour la protection du corps judiciaire et pour la dynamisation de l’activité des tribunaux.
Mgr Raï a en outre mis l’accent sur la nécessité de « réunifier les Libanais par la promulgation d’une loi amnistiant tous ceux qui avaient été contraints de se réfugier en Israël ». Il a souligné la responsabilité de l’Église, de l’État et de la société civile dans le développement de la fraternité, de la justice et de la solidarité entre les Libanais, notamment dans le but d’assurer une vie meilleure aux jeunes.
Tête-à-tête avec Sleiman
Le chef de l’État était arrivé tôt le matin à Bkerké, où il a été reçu sur le perron du siège patriarcal par Mgr Raï ainsi que par le cardinal Nasrallah Sfeir, qui a coprésidé la messe de Noël. Après l’échange de vœux et de cadeaux dans le grand salon de Bkerké, le président et son hôte ont eu un entretien d’une demi-heure dans le bureau de ce dernier où ils ont passé en revue l’actualité locale.
Répondant aux questions de la presse, alors qu’il se dirigeait vers l’église Notre-Dame, notamment au sujet d’efforts menés par le patriarche pour rapprocher les points de vue entre lui et le général Aoun, au sujet des nominations administratives, le président a répondu en soulignant que cet effort est inutile dans la mesure où tous sont favorables à l’application du mécanisme qui avait été décidé en Conseil des ministres au sujet des nominations.
Il a par ailleurs assuré que le dialogue national reprendra sur base de ce qu’il avait proposé dans le passé, concernant le désarmement des factions palestiniennes, l’examen d’une stratégie de défense nationale et le problème des armes disséminées dans les villes « et qui doivent être ramassées ». En réponse à une question, il a déploré le fait que ces bases n’aient pas été approuvées par les deux parties concernées dans le pays « à cause des paris propres à chacune ». « Mais à vrai dire, si on mise sur l’issue du printemps arabe avec une partie qui lie sa victoire à l’échec des révoltes et une autre à son succès, dans les deux cas, c’est le Liban qui va perdre », a dit le président, avant de plaider, en réponse à une autre question, pour l’adoption d’une loi électorale, représentative de tous les Libanais. « Nous pouvons, a insisté M. Sleiman, parvenir à une loi qui correspond à l’esprit de l’accord de Taëf et qui a dans le même temps toutes les caractéristiques d’un texte moderne. »
Sayegh transmet les vœux de Hariri
Hier et au cours du week-end, le patriarche a reçu de nombreuses personnalités venues lui présenter leurs vœux à l’occasion de la fête de la Nativité. Il a reçu ainsi le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, à la tête d’une délégation du secrétariat général, le chef du bureau de l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, Nader Hariri, et son conseiller, Daoud Sayegh, qui lui a transmis les vœux de M. Hariri, un grand nombre de députés actuels et anciens, des délégations du comité d’appui à la résistance, de Dar el-Fatwa, qui lui a transmis les vœux du mufti, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, du mouvement Amal et du village de Mazraat el-Chouf.
Devant ses visiteurs, le patriarche a insisté sur la cohésion nationale, affirmant que la richesse du Liban réside dans sa diversité et qu’aucune de ses composantes ne peut vivre sans l’autre.