Le « ministre » de la culture de Benoît XVI, Mgr Gianfranco Ravasi, constate un regain d'intérêt pour les Ecritures Saintes et la volonté d'en soutenir l'étude et l'analyse.
En témoignent une enquête récente réalisée sur la connaissance de la Bible par les fidèles et le projet de lecture de la Bible à la télévision en octobre, sur la chaîne italienne RAI 1.
Les textes sacrés seront lus par le pape Benoît XVI (qui ouvrira et conclura les 7 jours continus de lecture), par des représentants des communautés dont la religion est fondée sur l'Ancien Testament (comme le grand rabbin de la communauté juive de Rome, Ricardo Di Segni) et par des fidèles qui s'inscriront en ligne. L'initiative est organisée à l'occasion du synode des évêques sur la Parole de Dieu (5-26 octobre).ZENIT s'est entretenu avec Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture et de la Commission pour les biens culturels de l'Eglise, qui a présenté le projet et analysé les résultats de l'enquête.ZENIT – Au cours des derniers mois a été présentée au Vatican une enquête sociale sur la Bible. Pouvez-vous nous dire quelles en sont les motivations et quels sont ses objectifs ?Mgr Ravasi – Cette enquête a été effectuée par la Fédération biblique catholique internationale, qui est une institution autonome, et qui est en lien avec le Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens.
C'est une enquête qui a été réalisée notamment en vue du synode des évêques, qui sera consacré cette année précisément à la Bible.
A 40 ans du Concile Vatican II, qui avait marqué une sorte de réappropriation de la Bible par les catholiques et l'Eglise catholique, cette enquête a aussi pour but de faire le point.
On apprenait bien sûr aussi avant à connaître la Bible, notamment à travers la liturgie et la catéchèse, mais pas d'une manière aussi systématique et continue qu'après, notamment après ce document fondamental qu'a été Dei Verbum, ce texte sur la Révélation divine du Concile Vatican II.
L'objectif principal était donc réussir d'une certaine manière à tester la sensibilité à l'égard de la Bible des communautés ecclésiales de neuf pays, auxquels s'ajouteront dans peu de temps quatre autres pays, de manière à avoir une vision détaillée et complète de la relation entre la Parole de Dieu et les communautés.ZENIT – Quels sont les résultats de cette enquête ?Mgr Ravasi – Je dois dire que les résultats ont été très exhaustifs, justement parce que le schéma et la structure de l'enquête étaient très précis, touchant aussi des aspects inédits, associés à un très vaste échantillonnage.
Nous pouvons vraiment dire que ce sont des résultats intéressants et sûrs, naturellement avec toutes les limites inhérentes à ce type de données.
Sur cette base, ce vaste échantillon de données, on peut faire au moins deux considérations.
La première est qu'il existe indubitablement entre les pays une différence importante relative au texte sacré, à la Bible.
Prenons seulement un exemple significatif de modèle de cette enquête.
Il y a par exemple la question sur la lecture d'une page de la Bible au cours de l'année écoulée.
Aux Etats-Unis, 73% de la population a lu un texte de la Bible au cours de l'année. Cela signifie presque toutes les personnes qui ont l'habitude de lire.
D'autre part, prenons l'exemple de l'Italie. Seulement un quart des lecteurs a lu, au cours de l'année écoulée, au moins une page de la Bible.
Ceci est un exemple. Les réponses sont très variées et dans certains pays le chemin à faire est encore très long.
Curieusement, notamment parce qu'il s'agit d'un pays catholique de grande tradition, mais qui est probablement en train de vivre une sorte de rupture avec son passé, l'Espagne arrive presque toujours la dernière dans cette enquête.
La deuxième considération est qu'il existe toutefois et de manière indubitable, chez de nombreuses personnes, le désir de revenir au texte de la Bible, surtout en le considérant non seulement, comme cela est évident pour le croyant, une règle de vie, une lumière sur la route de la vie (pour utiliser une phrase de la Bible), mais aussi comme un grand texte de culture ; c'est ce que l'on a l'habitude d'appeler « le Grand code », pour reprendre cette expression d'un poète anglais, William Blake, qui a été reprise par le célèbre critique canadien, Norton Frye, qui en a fait le titre d'un essai très important. Le Grand code, car il s'agit du point de référence de la culture.
Je voudrais noter ici un élément très significatif : en Italie un nombre important de personnes, 63%, demande que l'on intègre la lecture de la Bible dans les écoles.ZENIT – Il y a quelques semaines a été présenté un projet de lecture de la Bible à la télévision. Pouvez-vous nous en parler ?Mgr Ravasi – Il s'agit d'un projet conçu notamment par RAI 1, qui souhaite qu'à l'occasion du synode des évêques d'octobre l'on puisse proposer de manière intégrale toutes les Ecritures Saintes de l'Ancien et du Nouveau Testament.
Le pape lui-même ouvrira cette lecture, qui s'étendra sur une semaine, nuit et jour. Il lira en direct la première page de la Bible et des Ecritures juives et chrétiennes, c'est-à-dire le chapitre 1 de la Genèse.Ce texte sera lu immédiatement après en hébreu par le grand rabbin de Rome, de manière à avoir aussi le témoignage de la communauté dont les Ecritures de l'Ancien Testament sont le coeur.
Puis viendront les voix de différentes confessions chrétiennes, et ensuite, bien sûr, de tous ceux qui ont le désir de proclamer le texte biblique.
Il s'agit bien sûr de passages programmés ; l'inscription s'effectuera par voie informatique et ce long itinéraire, qui a comme objectif de chercher à proposer la Parole, pourra débuter.
Un parole qui résonne de manière solennelle au milieu des bavardages qu'offre cette même télévision, et que notre monde utilise actuellement et qui constitue comme une espèce de bourdonnement, de bruit de fond de la civilisation contemporaine.
Ces paroles au contraire sont des paroles qui ouvrent comme des blessures dans l'habitude, elles gravent des messages ; c'est pour cela qu'il est important que la parole soit lue sous cette forme chorale, pour qu'elle ne soit plus conçue seulement comme une composante religieuse, mais comme un vrai témoignage de la culture, de la civilisation, de l'humanité. Au point qu'un non croyant, un athée, un agnostique ou même un musulman ou une personne appartenant à une autre religion qui désire proclamer cette parole, n'exclue pas de pouvoir le faire.
L'important, c'est que le grand texte de la culture et de la civilisation occidentale pour tous, soit précisément inscrit dans cette longue voix ininterrompue qui propose la Parole de Dieu pour les croyants.
ROME, Mardi 30 septembre 2008 (ZENIT.org)