L'archevêque chaldéen de Kirkouk (Irak), Mgr Louis Sako, souhaite que les Irakiens fassent « tout ce qu'ils peuvent » pour que les chrétiens puissent « vivre dans la paix et la sérénité » et invite les chrétiens qui ont quitté le pays à rentrer pour Noël.
Dans un entretien accordé à « L'Osservatore Romano », l'évêque se réjouit de la disponibilité de l'Union européenne et d'autres pays à accueillir les réfugiés irakiens provenant de minorités ethniques, mais réaffirme que ce qui compte le plus pour lui c'est « que les chrétiens restent ici en Irak ». Cette disponibilité de l'Union européenne a permis à des milliers de personnes de « recevoir des soins médicaux et une assistance des pays européens », reconnaît l'archevêque de Kirkouk, mais il craint que son pays « ne se vide et ne s'affaiblisse de cette présence millénaire qu'est la présence chrétienne ».« L'Irak est une mosaïque de cultures, de religions et d'ethnies différentes. Ces diversités doivent continuer à vivre ensemble », estime-t-il, affirmant que le pardon, la cohabitation et l'accueil sont « les points cardinaux » de l'histoire du pays. Avec l'engagement d'autres nations, ajoute-t-il, l'Irak pourrait sortir de la « phase critique » dans laquelle elle se trouve : « visites, congrès, sommets : tout est bon pour servir la cause irakienne. L'Eglise aussi pourra jouer un rôle déterminant pour que le pays retrouve son équilibre ».Mgr Sako, abordant par ailleurs les bons mais aussi les mauvais côtés du retrait des troupes américaines, ne cache pas sa crainte de voir « l'Irak précipiter dans un gouffre si les Etats-Unis s'en vont maintenant ». Le pays « est encore profondément divisé », précise-t-il, et « une guerre civile pourrait éclater ». Il faut « dialoguer et repenser de manière civile l'avenir du pays », suggère-t-il, soulignant que « la violence ne résout pas le problème, mais le complique encore plus ».Dans ce contexte, le rôle de l'Eglise est de chercher à « aider le gouvernement et le parlement irakiens à reprojeter le pays, en aidant la population à oublier le passé ». Noël en Irak A l'approche de Noël, Mgr Sako ne cache pas que sa ville espère en un retour des chrétiens qui ont dû prendre le chemin de l'exode.« Quel meilleur moment que celui-ci pour nous réunir et, être là ensemble, en train d'attendre la naissance de notre Seigneur Jésus ? », s'est-il interrogé. Mgr Sako a annoncé pour la mi-décembre l'organisation à l'archevêché d'une journée de prière et de réflexion avec les membres des autres religions.« Nous demanderons à Jésus de nous aider à vivre ensemble, à dialoguer, et de préserver Kirkouk et l'Irak de toute violence », a-t-il précisé.Pour redonner à l'Irak sa stabilité, insiste-t-il, l'Eglise doit être protagoniste.« Le dialogue et la paix sont nos seules armes. Certes, les divisions en Irak sont encore très profondes et le danger d'une guerre civile, si le pays devait être abandonné à lui-même, pourrait être sérieux, mais nous avons confiance. Nous comptons sur le Seigneur et sur le bon sens des gens ».
ROME, Mardi 9 décembre 2008 (ZENIT.org)