hier soir, à Rome, à la Villa Bonaparte, siège de l'ambassade. Une récompense qui salue un service de trente ans de l'information internationale et du Saint-Siège, et francophone.
Lors de cette cérémonie, en présence du cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical de la culture, ainsi que du P. Lombardi, directeur général de Radio Vatican, et du P. Andrzej Koprowski, directeur des programmes de la radio, Mme Ferrauto, très émue, était entourée de sa famille, de son équipe de Radio Vatican et de collègues et amis de Rome.
Radio Vatican a mis la cérémonie en ligne sur ce lien, ainsi que les discours de l'Ambassadeur de France et de Mme Ferrauto.
« Madame Ferrauto, vous êtes une femme d'exception : première femme à accompagner le pape Jean-Paul II dans ses déplacements officiels à l'étranger, vous êtes également l'une des rares femmes, responsable de section, à Radio Vatican », a fait observer l'Ambassadeur.
M. de Laboulaye a également salué le professionnalisme de Mme Ferrauto et sa liberté de parole : « Votre voix, votre nom sont ainsi connus sur les ondes. On apprécie vos reportages. On apprécie la justesse de vos analyses. On apprécie l'équilibre et le professionnalisme dont vous faites preuve. Mais de vous, l'on ne sait pas plus. Et vous m'avez confié, ce que de nombreux autres journalistes de radio m'avaient déjà indiqué, que le fait de demeurer cachée, inconnue du grand public, permettait d'avoir une parole beaucoup plus libre et plus engagée ».
« Rigueur, précision, concision, fidélité sont vos maîtres-mots. A juste titre, vous estimez que le fait d'être la Radio du Pape s'accompagne d'exigences de professionnalisme. En vous écoutant jours après jours, je puis témoigner de la mesure et de l'équilibre dont vous faites preuve dans les dossiers les plus compliqués, et parfois les plus polémiques, témoignant d'une double fidélité au Magistère et au métier de journaliste », a ajouté l'Ambassadeur.
Il a particulièrement salué le travail récent pour le synode : « Vous rendez compte des grandes orientations de l'Eglise et je pense en particulier au travail remarquable que vous avez accompli lors du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient. Vos fonctions vous donnent également l'occasion de rencontrer et de dialoguer avec d'éminentes personnalités. Me viennent notamment en mémoire les interviews que vous avez faites de plusieurs personnalités comme le Cardinal Ratzinger, le Secrétaire général des Nations-Unies, M. Boutros Boutros-Ghali ou bien encore le Président Nicolas Sarkozy lors de sa visite au Vatican en 2007. »
« Il est frappant pour moi, a confié l'Ambassadeur, de voir combien le statut de Radio du Pape, indépendante des grands groupes de presse, vous donne cette liberté de pouvoir interpeller la conscience de nos contemporains sur des situations et des drames que, sans vous, nous aurions tendance à oublier ou à méconnaître. »
Un autre don de Mme Ferrauto n'a pas échappé à l'Ambassadeur : sa faculté de mener une équipe d'une quinzaine de personnes : « Vous avez une équipe jeune, dynamique, intelligente, curieuse du monde et de l'Eglise. Je suis heureux de la voir réunie autour de vous ».
Enfin, M. de Laboulaye a rappelé la présence de la francophonie au micro de travail de Radio Vatican : « A travers ses 47 langues, ses 200 journalistes répartis dans 61 pays, ses 42.000 heures de production radiophonique par an, Radio Vatican est un monde en miniature. Comme Ambassadeur de France, je suis heureux de voir la place que la langue française y occupe. Nous le devons, pour une large part, à votre action déterminée et à la qualité des programmes produits par votre équipe. Vous avez, en effet, un rôle déterminant à jouer en faveur de la francophonie et de la diversité culturelle (…). Vous témoignez avec brio d'une certaine idée de la France dont vous illustrez, par votre action et votre comportement, les hautes vertus de générosité et d'intelligence. »
Pour sa part, Mme Ferrauto a suggéré trois motifs pour accepter cette reconnaissance, tout d'abord la francophonie, justement : « Si les circonstances de la vie m'ont amenée à m'installer à Rome, ma vie professionnelle m'a permis non seulement de ne pas être amputée de cette composante essentielle, mais aussi de l'entretenir, de la développer et surtout de contribuer modestement à la promotion et au rayonnement de cette langue et de cette culture qui me sont si chères. »
Puis, au nom de Radio Vatican, où, depuis 30 ans, elle assume un service souvent délicat caractérisé par une grande liberté intellectuelle qui consiste à « avoir le courage d'aller à contre-courant, au risque de ne pas être entendus, de nous émanciper, de nous démarquer même, des idées dominantes, de la pensée unique » : « Ce n'est pas simple, mais on y acquiert, je vous assure, une liberté intellectuelle enviable, qu'il est peut-être plus difficile de garder dans d'autres milieux ».
Mme Ferrauto a souligné un troisième aspect de cette récompense : « C'est donc enfin au nom du génie féminin que je souhaite, si vous le permettez, accueillir cette décoration, le génie féminin qui se fraye un chemin dans des lieux où il a, je crois, une contribution importante à offrir ».
Elle a en effet souligné « l'audace » des responsables de Radio Vaticna de l'avoir voulue à un tel poste de responsabilité : « La Direction de Radio Vatican a fait preuve d'audace quand elle m'a nommé au poste que j'occupe actuellement. La rédaction française (ou francophone) de Radio Vatican a toujours joui d'un prestige qui dépasse largement le cadre de sa production radiophonique quotidienne. (…). Car si la France est connue dans le monde pour son modèle de laïcité, elle reste, malgré tout, la fille aînée de l'Eglise. Parmi les chrétiens dans le monde, bien des regards, des espoirs, des attentes, continuent de se tourner vers la France. Nous l'avons encore constaté récemment au Synode des évêques pour le Moyen-Orient, et ces jours-ci après l'attaque contre une église à Bagdad. Par ailleurs je ne pense pas me tromper en affirmant que le Saint-Siège entretient avec la France des rapports privilégiés. Alors, confier la responsabilité d'une telle rédaction à une femme, au Vatican : il fallait le faire ! »
En conclusion, Mme Ferrauto a rendu hommage au P. Federico Lombardi, également directeur du centre télévisé du Vatican depuis 2001, de la salle de presse du Vatican depuis 2006, et qui fête ses 50 ans dans la Compagnie de Jésus.
Anita S. Bourdin
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