Depuis le mois d’avril 2008, les autorités moldaves exercent des pressions répétées à l’encontre des médias et des journalistes. Le bihebdomadaire Moldavskie Vedomosti a été accusé de corruption et l’enquête ouverte par le parquet général menace le journal de fermeture.
Par ailleurs, plusieurs organisations non gouvernementales et certains médias ont accusé l’organisme chargé d’attribuer les licences de diffusion, le Conseil de coordination télévisuelle, de favoriser les radios et télévisions progouvernementales.
“Nous exprimons notre inquiétude face aux pressions répétées contre les médias moldaves. A un an des élections législatives, il est indispensable que les journalistes puissent travailler dans les meilleures conditions”, a déclaré Reporters sans frontières.
En avril 2008, le parquet général moldave a ouvert une enquête contre Moldavskie Vedomosti. Le bihebdomadaire est accusé d’avoir vendu à un prix trop élevé son espace publicitaire à la compagnie Soroca Stone Quarry et est poursuivi pour “détournement de biens d’autrui dans de très larges proportions”. Le centre anticorruption a mené plusieurs contrôles financiers au siège du journal.
Le rédacteur en chef de Moldavskie Vedomosti, Dmitri Ciubasenco, est convaincu que “l’enquête du parquet est politique” et vise à exercer des pressions sur le journal et à le conduire à la faillite. Le directeur du journal a déclaré qu’il a signé des contrats légaux et que les paiements ont été faits en respectant ces contrats.
Plusieurs organisations moldaves ont jugé cette affaire suspecte puisque la direction du journal n’a pas été informée de la procédure pénale et n’a pas été invitée à faire une déposition au parquet général. Pour elles, il s’agit d’un pas de plus franchi par les autorités pour réduire au silence les médias d’opposition à un an des élections.
Par ailleurs, les 7 et 8 mai, plusieurs organisations non gouvernementales et des médias se sont unis pour dénoncer le manque d’objectivité de l’organisme chargé d’attribuer les licences de diffusion. “Par ses décisions, le Conseil de coordination télévisuelle de Moldavie favorise la concentration des médias en attribuant prioritairement des fréquences aux radios et télévisions progouvernementales.
Vocea Basarabiei, l’une des radios qui, depuis plusieurs années, a tenté, en vain, d’obtenir de nouvelles fréquences pour élargir sa couverture, a déclaré que le Conseil de coordination télévisuelle “distribue les licences sur des critères politiques”. En huit ans, la radio a demandé 120 fréquences mais n’en a obtenu que huit.
Vocea Basarabiei est une radio indépendante affiliée à Radio Free Europe, BBC, Deutsche Welle et Radio Romania Actualitati. Elle diffuse des bulletins d’informations régionaux, nationaux et internationaux, des programmes de divertissement, des analyses et des débats.
Au cours d’une conférence organisée par les plaignants, Anatol Taranu, un parlementaire moldave, a déclaré : “Lors de ses sessions publiques, les membres du Conseil de coordination télévisuelle votent des décisions prises à l’avance. Les interférences politiques sont évidentes et constantes.“
RSF 29.05.2008