En Mongolie intérieure, les autorités chinoises ont détruit une église catholique pour faire place à une route, indique cette dépêche envoyée à Zenit ce 10 juin, par la Rédaction d'Eglises d'Asie, agence d'information des Missions Etrangères de Paris.
Dans la nuit du 7 au 8 juin, la seule église catholique de Dongsheng, un district du plateau des Ordos, en Mongolie intérieure, a été totalement détruite par les autorités locales tandis que le curé ainsi que son assistant laïc étaient emmenés par la police. Selon l'agence Ucanews (1), la paroisse avait reçu récemment un avis de démolition de son église, afin de laisser place à une nouvelle route.
Dongsheng, qui est sous la juridiction de la ville-préfecture d'Ordos, est un lieu de passage obligé vers le Mausolée de Gengis Khan, qui draine de nombreux visiteurs. Ces dernières années, la Chine mène un programme de développement rapide de son réseau routier, en particulier dans les régions autonomes. Situées aux confins de son territoire, celles-ci sont le principal objectif du ministère des Transports qui vise d'ici 2020 la construction de 32 000 km d'autoroutes « rurales » destinées à désenclaver les régions isolées et d'accès difficile, tout en développant leur potentiel économique. La Région autonome de Mongolie intérieure, qui a détrôné en 2009 la province de Shanxi en tant que premier producteur de charbon en Chine, est devenue un vaste chantier routier.
D'une surface de 150 m², l'église de Dongsheng dessert environ un millier de catholiques. Elle avait été officiellement enregistrée auprès de l'administration en mai 2009. Un an plus tard, recevant l'avis de démolition de leur église, les représentants de la communauté catholique avaient tenté, à de nombreuses reprises mais en vain, de parlementer avec les autorités locales. Le lundi 7 juin, selon des sources ecclésiastiques, une centaine de personnes sont arrivées vers minuit sur les lieux pour démolir l'église.
Cette nuit-là, le P. Gai En, ordonné en 2005 et aujourd'hui curé de la paroisse de Dongsheng, a été réveillé par le bruit et s'est immédiatement rendu sur les lieux avec son assistant laïc, Yang Yizhi. Alors qu'ils tentaient d'empêcher la destruction de l'église, ils ont été menottés et emmenés par les forces de l'ordre. Ils n'ont pu retourner dans la paroisse qu'après une détention de plus de 20 heures au poste de police.
Le 8 juin au matin, les fidèles venus assistés à la messe se sont trouvés devant un amas de décombres, dont les restes de l'autel et de la croix de 5 mètres de haut de leur église. Le jour suivant, la communauté catholique, décidée à résister, montait un campement de fortune près des ruines pour tenter d'empêcher le début des travaux sur le site de leur ancienne église, sous la surveillance des cars de police qui, depuis les faits, stationnent non loin de là.
Dès qu'il a appris la nouvelle Mgr Paul Meng Qinglu, fraîchement ordonné évêque de Hohhot (2), a envoyé deux prêtres enquêter en Ordos sur l'incident. Actuellement, ils seraient en négociations avec les autorités locales pour le versement d'indemnités.
« Comment le gouvernement peut-il démolir une église, secrètement, en pleine nuit, et emmener nos responsables, alors qu'il parle de construire l'harmonie sociale ? », s'est indigné un paroissien auprès de l'agence Ucanews.
ZENIT