Les chrétiens de Syrie « doivent choisir entre deux calices amers : mourir ou partir »: c'est un dilemme qui implique toute la réalité ecclésiale se trouvant en Syrie et que rapporte Mgr Nassar.
L’archevêque rapporte comment "la mort rôde autour de la vie de millions de civils sans défense, chrétiens et musulmans, dans une Syrie dévastée par la guerre : bombardements, voitures piégées, tireurs embusqués, manque de soins médicaux – 233 hôpitaux ont été fermés et les médecins fuient tous, explique Mgr Nassar -, malnutrition et manque de nourriture adaptée pour les diabétiques, les personnes affectées de pathologies cardiaques et les jeunes mères".
Face à ce désastre, tous pensent à partir même si la fuite est en quelque sorte « une autre manière de mourir », plus lentement: l’Eglise locale, malgré sa fragilité, « devient un mûr des lamentations » auquel tous s’adressent chaque jour « pour demander protection et aide afin de trouver un visa permettant de partir ».
Les chrétiens syriens, souligne l’archevêque maronite, « ont vu l’ONU organiser depuis 2005 le départ systématique des réfugiés irakiens en direction des pays occidentaux » et ils connaissent maintenant l’angoisse, notamment à cause de « l’indifférence et du silence mondial concernant leur long et triste calvaire… Ils sont abandonnés, destinés à mourir sans pouvoir fuir… les consulats sont fermés depuis un an et demi ».
Mgr Nassar décrit, avec un cœur de pasteur affligé, la condition des chrétiens pauvres « qui ne trouvent aucune raison de devoir mourir dans cette guerre insensée ». Ils ont vu leurs frères plus aisés quitter la Syrie et ils voient l’Eglise comme la seule réalité à laquelle demander de l’aide dans ce naufrage.
« L’appel du nouveau Pape, François, en faveur de la bien-aimée Syrie résonne dans leurs cœurs… Les Eglises sœurs du monde entier prient et montrent leur affection en faveur de ce petit troupeau, sans pouvoir calmer la tempête ».
Cette situation met également les Pasteurs devant des problèmes de conscience. « Leur conseiller de rester pourrait les conduire à la mort comme un agneau muet devant le boucher. Notre martyrologue ne fait que s’allonger… Les aider à partir signifie en revanche vider la Terre biblique de ses derniers chrétiens » : un dilemme qui peut trouver une réponse seulement en se confiant « au cœur de Dieu », en offrant aux fidèles une proximité pastorale qui les aide à percevoir la réalité des paroles de Jésus : « N’ayez pas peur… je suis avec vous… ». « Ces dernières, remarque Mgr Nassar, ne déçoivent jamais ».
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