Dans une conversation téléphonique avec « L’Aide à l’Eglise en Détresse », de Beyrouth, où il enseigne à la faculté de théologie de l’université Saint-Joseph, le religieux égyptien rappelle les récents entretiens avec le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et avec les collaborateurs du président de la Commission, José Manuel Barroso, sur les nécessaires interventions de l’Union européenne au Moyen-Orient.
« L’Europe, dit-il, doit avoir le courage de boycotter les Etats qui violent les droits de l’homme, à commencer par l’Arabie saoudite ».
Le 30 mars, le père Samir a participé au séminaire « Liberté religieuse : droit fondamental dans un monde qui change rapidement », organisé à Bruxelles par la Commission des épiscopats de la communauté européenne (COMECE) et par la Conférence des Eglises européennes (KEK). Au terme d’une matinée de travaux, le jésuite a été convoqué par le président Van Rompuy, qu’il a rencontré avec l’évêque de Karachi, Mgr Joseph Coutts, et avec M. Paul Bhatti, conseiller spécial du Premier ministre pakistanais pour l’Harmonie et les minorités religieuses, et frère du ministre assassiné en mars 2011, Shahbaz Bhatti.
« Le président s’est montré très disponible et intéressé, raconte-t-il à l’AED-Italie, et il est resté une heure au lieu des trente minutes prévues ».
Mgr Coutts et Paul Bhatti ont décrit au président les conditions difficiles des chrétiens au Pakistan, invoquant la protection de la communauté internationale et mettant l’accent sur la loi anti-blasphème, l’analphabétisme et la pauvreté. Le père Samir, lui, a présenté la situation au Moyen-Orient – en particulier en Egypte – et a demandé, d’abord au Conseil, puis à la Commission européenne, une plus grande protection des droits de l’homme et l’égalité juridique pour les fidèles de toutes les religions.
Pour préserver la présence chrétienne au Moyen-Orient, il est nécessaire avant tout de renforcer le concept, « évident en Europe, mais pas dans le monde islamique », de « citoyenneté ». « Aidez-nous, a dit le père Samir à l’homme d’Etat belge, à rester dans une société libérale ouverte à tous les citoyens, sans distinctions entre musulmans et non musulmans ». Le christianisme est un élément de dynamisme et a introduit la modernité dans le monde arabe. L’exode des chrétiens représente une grave perte, même pour les pays occidentaux : « Défendre notre communauté signifie défendre une société plus ouverte, y compris à l’Europe et à tout l’Occident ».
L’Union européenne devrait aussi se mobiliser pour garantir le respect de la liberté religieuse qui est « le fondement de toute liberté ». Le père Samir a insisté sur le danger de la loi coranique, qui ne fait pas de distinction entre règles morales et code pénal. En Egypte, par exemple, on prévoit la prison pour les homosexuels : « Certains comportements peuvent être considérés comme moralement réprouvables, explique-t-il, mais ils ne devraient pas encourir de sanctions pénales ».
Le religieux a enfin invité les sommets européens à confier les aides économiques aux associations et aux ONG : « Dans des pays comme la Tunisie, la Syrie, l’Egypte, la Lybie, la corruption est très répandue au sein des gouvernements ». Il faut privilégier, selon lui, les organismes qui défendent les droits de l’homme, qui œuvrent dans le champ de l’instruction : « L’Islam se développe là où il y moins d’instruction », et qui cherchent à donner un plus grand rôle à la femme dans la société, « parce que cela signifie donner de l’espace à une approche plus humaine et plus pacifique ».
Mais surtout, l’Europe doit avoir le courage de boycotter les Etats qui violent les droits de l’homme, comme l’Arabie saoudite : « L’Europe est trop lâche et l’Occident n’a plus de crédibilité à nos yeux. Un pays qui est préoccupé de renforcer le bien-être des classes riches sans intervenir pour résoudre les conditions économiques des pauvres ne doit pas être aidé ».
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