Mgr William Shomali, vicaire patriarcal à Jérusalem, analyse la situation au Moyen-Orient et en Terre Sainte, dans un entretien publié sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem.
La foi comme relation à Dieu
Selon Mgr Shomali, l’Année de la foi a des enjeux spécifiques au Moyen-Orient : « le risque » des communautés de la région, « c’est que la foi soit matière à identification », et qu’elle soit « réduite à une étiquette sociale », explique-t-il : « On est chrétien ou musulman ou juif ».
Il y a aussi « le risque de considérer la foi comme l’ensemble des vérités religieuses dans lesquelles il faut croire », ajoute-t-il.
Or, la foi n’est pas « simplement un ensemble de dogmes », elle est une « lumière extraordinaire » pour « voir plus profondément, plus loin, plus haut » et elle est aussi « une force » qui permet de vivre selon ce que l’on croit, poursuit l’évêque.
Il invite donc à considérer la foi « comme une relation à Dieu », qui « lie au Seigneur avec des liens d’amitié ».
Si les chrétiens doivent « prendre en considération Vatican II qui a jeté la plate-forme d’une Eglise nouvelle qui se prépare au XXIème siècle », ils ne doivent pas mettre de côté « les synodes et les exhortations post-synodales reçus comme des trésors des derniers papes », souligne-t-il par ailleurs.
Les synodes sont « très importants » car ils approfondissent « une question essentielle comme le sacrement de l’eucharistie ou comme la Parole de Dieu », insiste-t-il.
A ce propos, Mgr Shomali considère que le synode actuel – ouvert hier, 7 septembre 2012 – voudrait « réveiller la conscience chrétienne surtout chez ceux qui l’ont perdue en Europe et en Amérique du Nord ».
Ce synode « peut servir aux Eglises du Moyen-Orient » qui ont « besoin d’approfondir la foi » afin qu’elle ne soit plus « une étiquette sociale », précise-t-il.
En effet, la nouvelle évangélisation « ne porte pas uniquement sur la foi elle-même mais sur la manière de vivre la foi comme une foi profonde, une foi de pardon et pas liée à une obligation d’aller à la messe le dimanche, de jeûner ou de faire abstinence ».
En ce sens, les chrétiens du Moyen-Orient ont besoin de « vivre une foi qui leur demande de faire du volontariat, l’aumône et de pardonner » car « très souvent » ils ont « des difficultés à pardonner et ils communient comme si de rien n’était », déplore l’évêque.
Des solutions aux problèmes du Moyen-Orient
Evoquant la visite récente de Benoît XVI au Liban (14-16 septembre 2012), Mgr Shomali la voit comme « un évènement extraordinaire » : selon lui, le pape a montré « beaucoup de solidarité aux chrétiens d’Orient », il est venu « malgré des prévisions pessimistes ».
« Son courage, son insistance à venir nous ont beaucoup édifiés. », confie-t-il, ajoutant qu’il reste aux chrétiens de la région à « lire attentivement » l’exhortation apostolique que le pape a apportée, et qui servira « dans les 50 années à venir », estime-t-il. En somme, « il ne faut pas juger la visite du pape avec des fruits immédiats ».
Cette exhortation, poursuit-il, « montre de façon claire les principes régulateurs de nos attitudes chrétiennes avec nous-mêmes, avec les autres Eglises catholiques et les Eglises non catholiques, avec le monde musulman et juif ». Elle offre « des propositions solides et des solutions à la majorité des problèmes que rencontrent les chrétiens qui vivent au Moyen-Orient ».
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