Dans une lettre adressée, le 5 décembre 2008, au ministre de l’Information et de la Communication namibien, Joel Kaapanda, Reporters sans frontières a demandé "l’abandon des poursuites contre Bonita Nuttall",
ainsi que "l’allègement de la législation, trop contraignante s’agissant du travail des journalistes étrangers en Namibie". La journaliste sud-africaine Bonita Nuttall avait été arrêtée, le 28 novembre, puis libérée sous caution après une nuit de détention, pour être entrée en Namibie avec un visa de tourisme alors qu’elle effectuait un reportage pour sa chaîne de télévision.
"Nous déplorons qu’une journaliste étrangère ait dû être maintenue une nuit en garde à vue et s’acquitter de deux cautions pour être libérée. Alors que la Namibie est l’un des pays africains les plus respectueux de la liberté de la presse, l’utilisation de l’incarcération contre Bonita Nuttall nous semble abusive. Disproportionné par rapport à l’infraction commise, le placement d’un journaliste en garde à vue est contre-productif et de nature à nuire à l’image de la Namibie. Cet incident n’aurait pas eu lieu si la législation namibienne permettait une plus grande liberté de travail à la presse", a écrit l’organisation.
Bonita Nuttall, présentatrice de l’émission d’investigation "Carte Blanche" sur la chaîne de télévision privée sud-africaine M-Net, a été arrêtée à l’aéroport international de Windhoek, le 28 novembre, alors qu’elle s’apprêtait à quitter le pays. La journaliste a été placée en garde à vue au commissariat de police de l’aéroport. Elle a été relâchée le lendemain dans l’attente de sa première comparution, après avoir payé une caution de 2000 dollars namibiens (153 euros). Le 3 décembre, un tribunal namibien a condamné Bonita Nuttall à payer une nouvelle caution de 8 000 dollars namibiens (612 euros). Il est prévu que son procès se tiendra au mois de février 2009.
Les autorités reprochent à Bonita Nuttall d’avoir effectué un reportage sur l’ethnie nomade des Himba, sans avoir obtenu une autorisation temporaire de résidence, assortie d’un permis de travail, nécessaire aux journalistes étrangers se rendant en mission dans ce pays.
Par ailleurs, les directeurs de publication namibiens ont demandé, fin novembre, le retrait d’une clause sur l’interception des communications dans un projet de loi sur la presse ("Communication Bill"). Cette clause permettrait aux services de renseignements namibiens de procéder à des écoutes téléphoniques et de surveiller les courriels sans en référer à la justice. L’organisation de défense de la liberté de la presse Media Institute of Southern Africa (MISA) a fermement condamné ce projet de loi, craignant un recul de la liberté d’expression.
La Namibie se situe en 23e position, sur 173 pays, du classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières début octobre.
RSF 08.12.2008