Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève, est intervenu le 3 juillet, au cours de la 20e session du Conseil des droits de l’homme, sur la « liberté de religion » (18 juin-6 juillet 2012).
« Les chrétiens représentent le groupe religieux qui est le plus sujet à la persécution religieuse », affirme-t-il.
Le Saint-Siège exprime notamment sa « grande préoccupation » face au « fossé grandissant entre principes établis et engagements de la communauté internationale concernant la liberté de religion, de conscience, et de croyance, ainsi que le droit à la liberté d’assemblée ».
Dénonçant « l’utilisation de bombes » et les « attaques violentes » contre les lieux de culte et les communautés chrétiennes en prière, avec le « soutien des groupes fondamentalistes », Mgr Tomasi rappelle, en citant Benoît XVI, qu’il existe aussi « des formes plus silencieuses et plus sophistiquées de préjugés et d’opposition à l’encontre des croyants et des symboles religieux ».
Le droit des parents
« La liberté religieuse ne peut pas être simplement réduite à la liberté de culte », souligne l'archevêque. En effet, précise-t-il, dans cette liberté fondamentale, sont inclus les droits « à prêcher, éduquer, recevoir de nouveaux adhérents, contribuer au discours politique, et participer à des activités publiques ».
En outre, le « droit à la liberté de conscience » doit être « respecté et protégé ». En ce sens, poursuit Mgr Tomasi, les croyants « ne devraient pas être forcés par les gouvernements à choisir entre la conformité aux politiques gouvernementales et la fidélité aux principes religieux ».
Par ailleurs, il est « important de respecter le droit des parents à envoyer leurs enfants dans des écoles qui correspondent à leurs croyances », car les systèmes éducatifs « à taille unique obligatoire » peuvent être une « attaque directe aux droits et devoirs des parents à assurer la formation religieuse et éthique de leurs enfants ».
Dialogue interreligieux
C’est pourquoi le Saint-Siège appelle chaque Etat à « garantir, protéger et promouvoir le droit légitime des personnes à avoir, pratiquer et exprimer leur propre religion ou croyance librement et sans aucun type de contrainte et de violence et sans la peur constante de devenir des victimes d’attaques antireligieuses ».
Concrètement, il s’agit « d’encourager la formation de réseaux de collaboration qui tendent à la compréhension mutuelle, qui promeuvent le dialogue interreligieux, et renforcent la protection des groupes religieux » y compris en « redressant la situation si nécessaire ».
Pour lui, les Etats ont « l’obligation » de « créer et soutenir des mesures infrastructurelles et des conditions favorables » au développement des communautés religieuses et de leurs membres.
Le Saint-Siège rappelle à ce titre que le droit à la liberté religieuse n’est pas seulement « un droit individuel » mais aussi « un droit collectif pour les communautés religieuses ». Il exige donc « une protection égale et efficace, sans aucune discrimination », des « groupes minoritaires qui pourraient être vulnérables aux préjugés pour différentes raisons ».
Droit à la vie
Tout ceci est d’autant plus essentiel qu’il existe une « corrélation entre la stabilité sociale et la reconnaissance des droits de l’homme », estime le Saint-Siège : « Le conflit religieux est un danger au développement social, politique, et économique ». En divisant la société, il « rompt les liens nécessaires à la prospérité de la vie sociale et du commerce ».
D’ailleurs, souligne Mgr Tomasi, le conflit produit la « violence », qui prive les personnes du « droit le plus fondamental entre tous : le droit à la vie ».
En réalité, déclare l’archevêque, les menaces à la liberté religieuse « affectent profondément la dignité humaine » car elles mettent en péril « l’identité personnelle, la conscience, et les choix fondamentaux de la vie », et elles « perturbent la jouissance des autres droits de l’homme ».
Par ailleurs, le conflit qui a lieu dans un pays « peut déborder et causer de sérieuses difficultés dans d’autres pays », fait-il observer.
Pour Mgr Tomasi, l’appel du Saint-Siège est en conformité avec les textes des droits de l’homme qui affirment « sans ambiguïté » que « tout homme a le droit de pensée, de conscience et de religion ou de croyance ».
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